L’artiste français Poes se passionne très tôt pour la bande dessinée et pour le graffiti. En 2004, il troque les bombes pour les pinceaux, les murs pour la toile, et développe une peinture narrative empreinte d’humour et d’ironie. Son exposition « Conjurations », présentée par la galerie d’art urbain et contemporain Happy Galerie, explore les mythes antiques, mésopotamiens et contemporains.
« Conjurations » : les démons mésopotamiens dans l’univers du cartoon
Les œuvres de Poes sont faites à la peinture vinylique sur des toiles de lin. Elles représentent, avec des couleurs vives et des traits arrondis, la mythologie des civilisations mésopotamiennes. Les récits sumériens, babyloniens ou akkadiens sont narrés comme une bande dessinée. Leurs protagonistes prennent vie dans ses tableaux, avec humour et ironie.
Poes s’intéresse tout particulièrement aux démons et aux exorcismes issus de ces mythes. « La vision antique, si lointaine de notre manichéisme contemporain, me fascine notamment : connaître ses démons et les respecter, les faire fuir le cas échéant, mais ne pas chercher vainement à les éliminer car ils sont invincibles, ils viennent d’un monde où nos lois n’ont pas cours. Bien loin d’un univers Disney… », explique-t-il.
« Conjurations » : les mythes urbains et contemporains
Poes interroge également les mythologies contemporaines. Il porte ainsi un regard critique sur les démons de nos sociétés, en particulier sur l’urgence climatique, mais toujours avec une pointe d’humour et de folie.
Le fameux tableau Déjeuner sur l’herbe d’Edouard Manet est détourné pour devenir Le Dernier déjeuner (2020). Le pique-nique se déroule dans un paysage apocalyptique : un ciel rouge surplombe quelques rares arbres décharnés ; l’eau du lac se teinte d’une couleur jaunâtre ; les deux hommes allongés par terre revêtent des combinaisons blanches et des masques à gaz, tandis que la femme nue regarde le spectateur de ses yeux en forme d’œufs sur le plat.
L’exposition inclut même des peintures qui rappellent directement la crise sanitaire liée au coronavirus : caché derrière un masque de démon, un personnage porte sur ses genoux un pangolin, devant une table jonchée de pilules dans le tableau Viens voir le docteur (2020).