Lieu
Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts
Communiqué de presse
Cette année le séminaire initié par Stephen Wright en collaboration avec le Collège international de philosophie est consacré au «Document performatif. Nos attentes à l’égard de l’art restent encore trop fréquemment conditionnées par la présence supposée de l’œuvre : il passe pour une quasi évidence que l’art s’incarne et apparaît dans le monde sous forme d’œuvres. Pourtant, ce « supposé » n’est-il pas de plus en plus contesté par la réalité artistique la plus contemporaine, où à la place de l’œuvre iconique, l’usager des musées et des galeries se trouve confronté aux documents artistiques? Il n’est que trop facile d’assimiler ces documents aux œuvres d’art dont ils partagent le médium (vidéo, photographie, dessin, peinture, installation) sans du tout prétendre au même statut i ni au même régime de visibilité.
Pour peu qu’on conceptualise le document, celui-ci est typiquement subordonné à l’œuvre et pensé comme offrant un accès sensible à une action ou intervention artistique qui eut lieu dans un autre espace-temps ; le document serait essentiellement représentationnel au sens où il re-présente une action artistique qui a déjà été présentée. Or ici, il s’agira d’évoquer un autre genre de document, peu imaginable – car sans objet – il y a seulement quelques années. Les pratiques à très faible coefficient de visibilité artistique ne peuvent être ramenées dans le cadre performatif de l’art que par le biais du document : c’est donc le document qui agit comme un performatif, transformant le statut des configurations et activités symboliques qui n’avaient pas été perçues en tant que propositions artistiques. Ce genre reste peu théorisé même s’il est déjà répandu et semble promis à un avenir de plus en plus important au fur et à mesure que les pratiques furtives se généralisent. Le document performatif anticipe-t-il un nouveau statut de l’art, une reconfiguration des conditions de son apparaître, où l’art ne s’exposerait plus par le biais d’œuvres iconiques dans les galeries et centres d’art, mais par le biais de documents performatifs dans les centres de documentation?
Martha Rosler
Karen Andreassian est née en 1957. Elle vit et travaille en Arménie.
Depuis mars 2003, Karen Andreassian travaille sur un projet Internet de documentation sur la situation géopolitique du petit village de Voghchaberd, situé à 10km d’Erevan. Ce village apparaît comme le jouet de contradictions, à la fois prospère grâce à fertilité de sa terre et à grâce à l’humidité de son sous sol, mais également une forte instabilité dûe aux glissements de terrain causés par cette même humidité souterraine. D’un même fait deux conséquences contradictoires qui place ce village dans une situation de durable incertitude. L’intérêt porté à ces faits par l’artiste se concrétise par la mise en place non d’une œuvre représentative, qui parasiterait les possibilités d’action en se plaçant entre les acteurs et cet environnement mouvant, mais à travers un dispositif documentaire propre à mettre l’accent sur la permanente transformation d’un monde ou plutôt d’ «une quantité de mondes possibles dans le monde».
Infos pratiques
> Lieu
Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts
14, rue Bonaparte. 75006 Paris
M° Saint-Germain-des-Prés
> Horaire
18h
> Contact
T. 01 47 03 50 00
www.ensba.fr
> Entrée libre