Adrien Malcor
Conférence autour de l’exposition «Des Terrains / Temps Zéro»
Aussi informelle et confidentielle fut-elle, on s’accorde aujourd’hui à considérer l’existence de l’Independent Group comme un moment pivot de l’histoire de l’art du XXe siècle. Les quelques artistes, architectes et critiques anglais qui, de 1952 à 1955, se réunirent à l’Institute of Contemporary Arts de Londres, cherchèrent en effet à confronter la pensée de l’art et du design modernes (européens) aux nouvelles réalités de la société de consommation américaine, celle des mass media, du popular art de masse. Ils seront intronisés (ou s’auto-proclameront) «pères du pop». Mais ils furent bien plus.
A l’heure où la scène artistique mondiale (mondialisée) est dominée par les innombrables variantes d’un post-pop art sans enjeu, il importe de replacer l’aventure de l’Independent Group dans des histoires plus longues, et en particulier dans celle des rapports entre arts, sciences et techniques. Je tenterai notamment de situer l’Independent Group dans une histoire de l’image encyclopédique, depuis les planches de L’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert jusqu’au Whole Earth Catalogue de Stewart Brand, en passant par les grandes revues illustrées du XIXe siècle et les collages de Max Ernst.
Une histoire de l’imagerie technique est aussi une histoire des techniques d’imagerie. Or, comme le dira le plus doué des artistes du groupe, Richard Hamilton: «Le nouvel environnement était photographique». Comprenons: si la photographie fut une des grandes affaires de l’Independent Group, c’est qu’elle devenait un environnement (une seconde nature artificielle). Ses membres reportèrent sur les luxueuses couvertures des magazines américains leur passion pour la photographie scientifique, et ils conçurent leurs expositions comme des environnements pédagogiques.
Adrien Malcor, Vers le planétarium. L’Independent Group et le nouvel encyclopédisme.
Evénement
Samedi 18 Octobre 2014 Ã 14h