Communiqué de presse
Thomas Léon
Concrete Islands
Galerie – Sous-sol Médiathèque
Initiée en 2007 par la Ville de Beauvais en partenariat avec le Labo (Ecm – Espace Culture Multimédia) et le soutien de la Drac Picardie, la résidence de création multimedia a pour vocation d’interroger l’usage des nouvelles technologies dans le champ de la création contemporaine, de prendre en compte leur impact dans les domaines éducatif, social, économique ou urbain.
Ouverte à des artistes professionnels, confirmés ou émergents, issus de disciplines artistiques diverses (photographie, vidéo, installation, performance, composition musicale, net art, projets pluridisciplinaires, etc.), la résidence offre un contexte de recherche et de rencontre idéal pour des créateurs souhaitant approfondir ces problématiques.
Pour sa troisième édition, la résidence de création multimédia a accueilli de septembre à décembre 2009, l’artiste Thomas Léon. Né en 1981 et diplômé de l’école nationale des beaux-arts de Lyon, Thomas Léon développe un travail dense et subtil qui explore les correspondances entre les différentes formes et disciplines artistiques ainsi que les modes de production et de réception de l’oeuvre. S’intéressant plus particulièrement au domaine de l’image en mouvement, qu’elle soit enregistrée ou composée, il crée des environnements visuels et sonores puissants en puisant son inspiration dans le cinéma expérimental et la littérature utopique ou de science-fiction.
Fruit de sa résidence à Beauvais, l’exposition « Concrete Islands » (Les ÃŽles de béton) – référence au roman éponyme de l’écrivain de science-fiction James Graham Ballard – s’articule autour de l’installation vidéo intitulée Escape from Abstraction Island. Réalisée en images de synthèses, cette nouvelle vidéo incarne pour l’artiste « un film d’évasion dont le personnage principal est la vision ». Alternant la découverte de paysages naturels quasi abstraits (falaise, fond marin) et l’identification d’un possible espace social (terrain de basket déserté), les mécanismes de perception face à l’image projetée sont renversés.
Suivant le mouvement froid et mécanique d’une potentielle caméra en travelling arrière, le regard du spectateur est aspiré et plongé dans une série d’univers sans origines, façonnés de matières / textures opaques et denses (roche, béton, acier) ou bien transparentes et limpides (cristaux, eau, air). Cette déambulation fantastique dans et autour de l’île, laisse toutefois comme dans les romans d’anticipation sociale de J.G. Ballard, l’étrange sensation d’un espace enfermé, d’un futur décliné au passé et d’une dématérialisation totale des corps. Cette impression de constriction et de plissement est également renforcée par la mise en espace d’une bande sonore, émanant d’un synthétiseur « vintage », au rythme lancinant.
En résonance avec l’installation vidéo, Thomas Léon présente Trapped (piégé), un ensemble de quatre tirages photographiques de format carré. Autre forme d’image numérique issue d’un programme informatique (la modélisation 3D) mais aussi nouvelle contribution pour une esthétique de la frontalité, les surfaces planes des photographies interagissent avec la profondeur et la perspective du film. Conçus par l’artiste comme des « images tableaux » ou des « pièges visuels », les tirages pourraient être entendus comme un hors-champ au cinéma, un détail non visible à l’écran mais filmé et existant. La série d’images représente ainsi en plan rapproché un grillage métallique dans lequel des balles de tennis, usées et ternies, sont encastrées. Après une observation plus attentive, le regardeur découvre que l’alignement grossier des balles prend la forme d’une écriture et donc d’un possible langage dans cet espace vide de toute présence humaine.
De même, avec le recours à la peinture, Thomas Léon prolonge les problématiques du rapport de l’art à la réalité, de l’évaluation des valeurs formelles et inhérentes à chaque médium. Retenu pour ses qualités géométriques, l’amoncellement de brise-lames figuré dans la vidéo, est également décliné dans une peinture sans recherche illusionniste ou mimétique, devenant ainsi une simple forme-souvenir, une image rémanente. Fiction ou réalité ? L’artiste semble dépasser ce clivage pour proposer une oeuvre saisissante qui associe la réflexion approfondie sur le processus artistique à l’expérience sensorielle de l’instabilité du temps et de l’espace.
Site de l’artiste
www.thomasleon.net
Vernissage
Jeudi 21 janvier 2010 à 18h30. En présence de l’artiste.
Informations pratiques
Mardi-Jeudi-Vendredi. 13h-18h30.
Mercredi et samedi. 9h30-12h30 / 13h-18h30.
Entrée libre