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Concrete

05 Avr - 17 Mai 2008

C’est l’histoire d’une métamorphose. Celle d’un matériau propre à l’architecture, le béton fibré, qui s’épanouit tout aussi soudainement à l’échelle de l’objet. Avec le projet Concrete, le designer Martin Szekely lui confère une seconde nature.

Martin Szekely
Concrete

C’est l’histoire d’une métamorphose. Celle d’un matériau qui se plie soudain à  une méticulosité extrême. Celle d’un matériau
propre à l’architecture qui s’épanouit tout aussi soudainement à l’échelle de l’objet. Ce matériau, le béton fibré Ductal® développé par Lafarge, est issu de la nouvelle génération des bétons dits à ultra-hautes performances. Celui-ci contient des fibres synthétiques, noyées dans la masse. Elles jouent le rôle dévolu aux armatures traditionnelles, mais confèrent au matériau des performances bien supérieures.

Depuis longtemps, le designer Martin Szekely cherchait à se confronter à un  matériau « lourd », tel ce béton emblématique de
l’univers du bâtiment. Or prendre la mesure d’un matériau demande parfois du temps. Deux ans, dans le cas présent — les
premières esquisses datent de 2005.

Cette recherche s’inscrit en droite ligne du travail mené par le designer depuis une douzaine d’années. Son principe liminaire : le projet est la synthèse de diverses données existantes, lesquelles découlent en majorité du matériau lui-même. Ainsi, l’objet n’est pas issu du dessin, mais résulte de la qualité intrinsèque du béton fibré.

Le béton fibré Ductal® possède, en outre, sa propre logique : « c’ est un matériau moulé: il peut être coulée et pressée telle
une gaufre», fait remarquer le designer.  D’où cette idée de travailler le béton fibré « comme une peau». Epaisseur de la
peau : 8 mm. Cette épaisseur a été calculée au plus juste, insiste Szekely. Il est donc quasiment impossible de l’amincir
davantage, cela ne tiendrait pas».

Interroger les matériaux jusqu’à leurs limites reste l’une des inclinations fétiches du designer. Idem avec la notion d’économie visuelle». Selon Szekely, il s’agit d’ assembler les pièces de la façon la plus économe possible». Point de détails ostentatoires donc, bien au contraire. Ainsi, le système de fixation des pieds, deux cônes qui viennent minutieusement s’ajuster l’un dans l’autre jouant un rôle de contreventement, est invisible. Tout comme la seule pièce « mécanique» utilisée pour ces meubles : une vis de serrage montée sur vérin. Cette dernière est dissimulée dans les pieds et autorise un réglage au millimètre près de l’horizontalité du plateau.

«Ce qui est intéressant dans le projet Concrete, explique Martin Szekely, c’est ce décalage par rapport à la culture du bâtiment et à la destination originelle du béton : les chantiers de construction». Le béton fibré, lui, peut en effet être mince, léger et néanmoins très solide. Il est, de fait, manipulé avec un soin extrême (« une rigueur de laborantin»,  dixit le designer), dans une hygrométrie et une température parfaites et constantes. D’où cette finition impeccable qu’approuve un simple contact avec la main. « Le souci de
domesticité a été permanent», précise Szekely. Le matériau, d’un soyeux gris pâle, n’est plus poreux, presque délicat. Un peu comme s’il dévoilait inopinément un nouveau visage, une seconde nature.»

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