ART | CRITIQUE

Conceptual Decoration

PLaurent Perbos
@21 Juin 2009

Des lés de papiers peints collés à même les murs par Stefan Brüggemann, affichant l’inscription «Conceptual Decoration» répétée à l’infini, envahissent tout l’espace de la galerie…

La pièce est éclairée par des néons blancs. La lumière crue qui tombe du plafond baigne l’environnement dans une atmosphère froide. Les lettres qui se dessinent sur les parois se démultiplient sans changer d’aspect. La typographie régulière constitue une trame grisâtre qui perturbe le regard. Des rythmes apparaissent et laissent entrevoir des mouvements ondulatoires.
Il faut s’approcher pour lire les inscriptions. Mais alors on ne remarque plus les effets d’optique. Une distance calculée est imposée par Stefan Brüggemann qui instaure un va et vient entre la vision d’ensemble et le concept particulier qu’elle met en scène.

Conceptual Decoration prend corps. Les mots ne sont plus seulement des signes, des sons prononcés à la lecture des lignes inscrites sur les murs. Les bandes de tapisseries, uniques éléments de décor et la salle elle-même deviennent des objets palpables. Les murs se font porte-paroles. Ils incarnent ce que l’artiste qualifie de «décoration conceptuelle».

Que doit-on comprendre par ce titre en forme d’oxymore? Stefan Brüggemann reprend, comme matériau de son travail, certaines formes artistiques. L’art conceptuel va jusqu’à nier l’intervention de l’artiste et propose des réponses radicalement minimalistes, sans fioriture.
Stefan Brüggemann utilise ici une typographie qui fait référence à ce mouvement mais sans tenir compte des préceptes qui le caractérisent. Il semble détourner son apparence pour «embellir» l’espace d’exposition. La forme emprisonne l’idée dans une structure qui n’est pas faite pour elle et l’artiste nous met face à cette incohérence.

Stefan Brüggemann
— Conceptual Decoration, 2009.
— Reversed Mirrors, 2009. Mirrors with wooden frames (35,5 x 29 x 4 cm).

AUTRES EVENEMENTS ART