Harun Farocki
Comparison via a Third
Le programme «L’Écran: Entre ici et ailleurs» présente des films et des vidéos d’artistes internationaux de différentes générations qui explorent des sujets politiques et sociaux tout en développant une investigation continue de l’image. Se basant sur la tradition du cinéma, du film expérimental ou structurel, ces œuvres engendrent une réflexion sur les «politiques de l’image».
Ce programme qui se poursuit pendant une année présentera successivement les œuvres de Harun Farocki (Allemagne), Leticia Ramos (Brésil), Laure Prouvost (France), Alexander Apóstol (Venezuela), Vasco Araújo (Portugal), LaToya Ruby Frazier (Etats-Unis), Derek Boshier (Royaume-Uni).
«L’Écran: Entre ici et ailleurs» rassemble des œuvres qui portent sur des géographies diverses aux spécificités sociales distinctes. Le titre fait également référence à l’artiste Harun Farocki, disparu cette année, et dont la double vidéo projection Comparison via a Third (Comparaison via un tiers), 2007, ouvre ce programme.
Tout au long de sa carrière de réalisateur et vidéaste, Harun Farocki s’est intéressé à une exploration d’un «entre deux», à la relation entre un travail incisif du montage et des textes, entre image et langage. Ses films explorent des sujets tels que la guerre, le système du travail et de la production, les technologies de surveillance ou encore le rôle des mass media dans la société contemporaine. À travers un montage spécifique, il détourne les formes conventionnelles du film documentaire.
À partir des années 1990, Harun Farocki a développé un travail d’installations vidéo qui prend souvent la forme de projections multiples. L’installation lui permet d’approfondir son investigation incisive de l’image et d’élaborer un dispositif spatial qui offre au spectateur une autre forme de relation à la temporalité filmique.
Dans la double projection vidéo Comparison via a Third (2007), Harun Farocki questionne les processus d’automatisation et de rationalisation du travail à travers la production de briques dans les sociétés traditionnelles et industrialisées. Des images tournées dans des usines en Afrique et en Inde sont juxtaposées à des images d’usines européennes. À la présentation en progression linéaire de procédés de fabrication de plus en plus perfectionnée succède un montage d’images qui interrompt cette lecture. Ce montage fait de répétitions utilise l’image pour commenter l’image précédente et par ce procédé, impose au spectateur un exercice de réflexion qui le pousse à tirer lui-même ses propres conclusions. Comparison via a Third s’ouvre ainsi à des relations d’interprétations infinies, non ancrées.