Mikhael Subotzky
Commitment 02
Au commencement il y a l’engagement —ce principe originel qui semble traverser l’ensemble de la scène photographique sud-africaine— où l’on voit que l’histoire complexe de ce pays aux multiples facettes a profondément marqué chaque génération d’auteurs. à ce titre, Johannesburg occupe une place très particulière dans l’imaginaire collectif sud-africain.
Le corpus photographique de Mikhael Subotzky se constitue d’un important travail d’investigation autour du crime, de la marginalisation sociale et de l’expression de la loi en Afrique du Sud que ce soit par des institutions privées ou publiques. Ses images explorent l’esthétique controversée et la complexité du concept de sécurité dans la société contemporaine. Bien qu’il s’appuie toujours sur la tradition du documentaire social, les photos récentes de Subotzky adoptent une approche plus nuancée, plus conceptuelle, qui inclue une réflexion élargie sur la nature du médium lui-même.
Pour le projet Ponte City initié en 2008, en collaboration avec l’artiste britannique Patrick Waterhouse, Mikhael Subotzky se concentre sur une icône des immeubles de Johannesburg. En combinant photo, archives historiques, objets trouvés et interviews, ils créent un corpus qui évoque la préhistoire du bâtiment, son déclin spectaculaire et les récentes tentatives de transformation qu’il a pu connaître.
Le bâtiment se retrouve alors le personnage principal d’une narration foisonnante autour de Johannesburg et l’attraction magnétique que la ville exerce sur les habitants de tout le continent.
Dans Retinal Shift, sa réalisation la plus récente présentée dans l’exposition, le photographe analyse les pratiques et les mécanismes du regard, en relation avec l’histoire de l’Afrique du Sud, l’histoire de la photographie et de la prise de vue, et son histoire artistique personnelle. Le dispositif principal consiste en une vaste installation photographique issue de plusieurs séries re-contextualisées ici.
Accueillant le spectateur à l’entrée, un autoportrait réalisé avec l’assistance d’un optométriste, présente deux images haute résolution de sa rétine gauche et de sa rétine droite, placées côte à côte.
«Cette rencontre m’a fascinée. Au moment où mes rétines —mes organes de perception visuelle— étaient photographiées, j’étais aveuglé par l’appareillage de fabrication des images. Ces images sont donc un autoportrait de moi-même en tant que photographe, à un moment où il m’était impossible de voir.» Mikhael Subotzky