…, commerces à proximité, plages à 300m

Jean-Luc Moulène
…, commerces à proximité, plages à 300m

«…commerces à proximité, plages à 300 m.» est une exposition individuelle de l’artiste Jean-Luc Moulène, résidant à Paris, où sont présentées des photographies, dessins et sculptures des quatre dernières années.

Le titre suggère l’idée qu’il s’agit d’une exposition orientée vers des critères touristiques… c’est à dire une exposition qui montre des images évoquant des rêves classiques de loisirs et de récréation, ou qui illustre tout simplement tous ces fantasmes de vacances.

Le fait que l’exposition présente des photos prises dans différents lieux le long de la côte bretonne pourrait renforcer cette vision. En regardant l’exposition, très vite on se rend compte que Jean-Luc Moulène ne s’intéresse pas à l’image standardisée de la Bretagne. Au contraire: le regard photographique qui détermine la perspective de l’image est diamétralement opposé aux clichés de la représentation idyllique des paysages. A la place des prises de vue panoramiques, qui montrent des paysages d’une nature presque totale, Jean-Luc Moulène focalise l’image. Il ne montre pas des paysages qui se perdent dans un horizon éternel, mais il montre plutôt des extraits.

A travers l’appareil photographique ou des dessins au feutre, Jean-Luc Moulène concentre et réduit les motifs à l’essentiel: les zooms se focalisent sur un élément représentatif, mais pas au sens de limites. Au contraire: la concentration devient le moyen d’étendre l’image hors du cadre.
En effet, le zoom de l’image est toujours choisit de manière à ce que, ce qui se trouve hors du cadre ne devienne pas moins important que ce qui est représenté.

Jean-Luc Moulène utilise l’appareil photographique comme un instrument d’analyse, comme un «outil de vision» pour concentrer et focaliser le regard sur les extraits de la réalité représentés dans les photos. Cette méthode de travail aboutit à des photographies qui peuvent être considérées comme des extraits de la réalité quotidienne. L’ensemble de cet «archive de représentations» est quasi-modulaire: la vue sur le monde – et surtout de sa représentation – ne correspond pas à celui d’un système fermé ou même hermétique, mais beaucoup plus à la représentation de la réalité liée aux critères spécifiques, contextes et positions de chaque individu.

La procédure d’extraction et d’abstraction de l’image est aussi un aspect inhérent au cinéma. Les dessins et les photos agissent souvent comme des images extraites de la bande d’un film. Chaque visiteur réceptionne ces images, les complète et les anime automatiquement suivant son expérience culturelle et sa mémoire imagée. En effet, tous les sujets sont représentés, tant formellement que dans le contenu spécifique relatif aux images traditionnelles, inscrites dans nos mémoires collectives. Les paysages et natures mortes de la peinture du XIXe siècle, la publicité de produits et certaines photos sont autant de points de référence importants à cet égard.