Emmanuel Boos
Come back, Baby, come back!
Depuis 2006, Emmanuel Boos vit et travaille à Londres où il est artiste-chercheur au Royal College of Art de Londres. Pendant cinq ans, il a conduit sa recherche par l’écrit, mais surtout par sa pratique artistique.
Au sens propre et figuré, ces nouvelles œuvres représentent un basculement puisqu’elles sont désormais murales. Sa recherche semble s’être concentrée sur ce glissement. Du plan horizontal sur lequel reposaient ses contenants de 2006, ses cadres de 2011 (ou ses «plans», comme il les nomme désormais) sont passés à la verticale.
Pour l’exposition «La Scène Française» au Musée des Arts Décoratifs en 2010, c’est une installation transitionnelle qu’avait retenue son commissaire Frédéric Bodet. Edge! était une collection d’objets domestiques recouverts d’émaux dégoulinants et au bord du gouffre, sur une étagère en équilibre précaire.
Désormais, toute référence au domestique a disparu. Si certaines œuvres restent ambiguës, doubles, se laissant la possibilité de l’horizontale ou de la verticale, le choix de la frontalité domine cependant dans la plupart d’entre elles.
Ce n’est pas la seule évolution. Les pièces s’affinent, s’aplatissent et perdent toute épaisseur : elles circulent entre sculpture et plan, volume et surface, densité et superficie.
Les fentes qui apparaissent par endroit sur ces «plans» dessinent une autre évolution, l’ouverture d’un au-delà du plan et de la surface, qui n’est plus qu’un vide. Lucio Fontana avait déjà décliné très largement la fente. Mais le projet d’Emmanuel Boos ne consiste pas en un coup de couteau. Il n’est pas intentionnel, mais un accident. Il est ce qui arrive.
Un jeu aussi, car, plutôt que de dominer son support avec sadisme, Emmanuel Boos a trouvé dans l’émail un partenaire, non sans humour parfois. C’est la matière qui crée. L’artiste — et après lui le spectateur — la contemple et s’émerveille.
Ainsi, au-delà des évolutions formelles, le travail actuel d’Emmanuel Boos s’inscrit-il dans la continuité de ce qu’il a entrepris il y a sept ans : questionner la nature même de la matière.
Emmannuel Boos, né à Saint-Etienne en 1969, est céramiste. Elève du maître d’art Jean Girel entre 2000 et 2003, il s’est distingué dans le sillage de son apprentissage par son intérêt pour les émaux de haute température. Il a reçu plusieurs récompenses : Lauréat Jeune Créateur des Ateliers d’Art de France en 2003; Lauréat Prix SEMA National en 2004; Grand Prix de la Création de la Ville de Paris en 2005. Sa précédente exposition personnelle «Crac! Boum! Hue!» a eu lieu à la galerie Jousse Entreprise en novembre 2005 alors qu’il vivait et travaillait à Clichy.