Lieu
Institut national d’Histoire de l’Art
Communiqué de presse
Pourquoi et comment la photographie transforme-t-elle les corps photographiés et les corps photographiables, bref les corps de tous les êtres humains, en corps politiques, souvent malgré eux ? Et quels sont les effets de cette transformation sur les corps, sur la politique et sur la photographie ?
La photographie n’est pas qu’une aventure individuelle, privée et intime ; elle est aussi une pratique politique, publique et extime. C’est ce qui se joue dans les usages de la photographie (contemporaine) sans-art et de la photographie dans l’art (contemporain), dans leurs productions /créations, médiatisations/donations, communications/expositions, et consommations/réceptions.
La photographie est donc habitée par cette double tension : à la fois politique et individuelle, publique et privée, intime et extime, à la fois art contemporain et sans-art. C’est ce double «à la fois» qui caractérise la photographie, d’autant plus qu’il s’articule à d’autres «à la fois» photographiques : à la fois le référent et le matériau photographique, à la fois le «ça a été» et le «ça a été joué», à la fois l’événement passé et les formes, à la fois le réel et l’imaginaire, à la fois la trace et le tracé, à la fois l’irréversible et l’inachevable, etc…
C’est eu égard à ces «à la fois» qu’avec la photographie les corps sont politiques, que les corps et leurs images peuvent être interrogés, que la photographie et la politique se dialectisent, que la philosophie politique et l’esthétique sont articulées.
La photographie sans-art et la photographie dans l’art produisent cette politisation et cette publication des corps et de leurs images. Et ce, depuis que la photographie existe ; mais, aujourd’hui, avec une autre force, avec d’autres moyens, avec d’autres dangers.
Les photos d’Abou Ghraib en Irak en sont exemplaires, l’absence de photos de corps du 11 septembre 2001 aussi : publication, censure et politique de la photographie des corps. Par ailleurs, la photographie des corps et de leur sexualité peut conduire à des esthétiques qui ne sont pas sans rappeler ce qui se reconnaît de politique dans les rapports des sujets sexués, entre eux et le pouvoir.
En explorant et en exploitant la photographie et ses dispositifs, les artistes (contemporains) travaillent ces problèmes, ces tensions et ces « à la fois » et proposent des méditations et des questionnements essentiels sur les corps politiques et/car photographiques.
Un des enjeux est donc la liberté des corps, de leurs images et de leurs représentations &, corrélativement, le contrôle, la surveillance et l’assujettissement du corps politique et social. En effet, pourquoi et comment la photographie peut-elle être utilisée tantôt comme critique du pouvoir sur les corps politiques, tantôt comme outil de ce pouvoir, tantôt comme pratique interrogeant du lieu de l’art les corps politiques, les corps et les politiques ?
Ainsi le problème «Qu’est-ce que la photographie ?» engendre les problèmes «A qui appartient un corps ?», «Quel pouvoir peut avoir une image ?», «Que faire de la politique ?» et «Comment intervenir en partant de l’art ?».
Programme
— Vendredi 20 octobre
Incarnations, mémoires et images
Présidence : Professeur Christine Buci-Glucksmann, Université Paris 8, France.
> 9h : «Le Corps contemporain», par François Soulages
> 10h : «Photographies numériques : pour un espace public de la mémoire», par Louise Merzeau
> 11h : «Émotion, rétention et focalisation, les trois temps de l’image», Gérard Wormser
Femmes, hommes et intimités
Présidence : Professeur Daniel Bougnoux, Université de Grenoble, France
> 14h : «Les Métamorphoses du féminin : Orlan, Cindy Sherman, Mariko Mori», par Christine Buci-Glucksmann
> 15h : «Le Corps intime de la femme : signifiant politique et objet d’exposition photographique en Occident», par Catherine Couanet
> 16h : «L’image politique du corps: une stratégie de l’intime», par Rachida Triki
> 17h : «Traductions et transferts du corps politique», par Christian Gattinoni
— Samedi 21 octobre
Cosmopolitismes, démocraties et événements
Présidence : Professeur Pedro San Ginès, Université de Grenade, Espagne
> 9h : «La Photographie comme principe cosmopolitique», par Marc Tamisier
> 10h : «Sémiotique politique du corps dans l’événement», par Bernard Lamizet
> 11h : «La Photographie, dispositif démocratique ?», par Daniel Bougnoux
Génocides, totalitarismes et quotidiens
Présidence : Professeur Rachida Triki, Université de Tunis, Tunisie
> 14h : «Rwanda : les images suspendues d’Alfredo Jaar», par Soko Phay-Vakalis
> 15h : «La Construction d’un mythe : autour de l’image photographiée de Mao», par Pedro San Gines
> 16h : «Race et représentation (Rotimi Fani-Kayode)», par Mark Sealy
> 17h : «Le Grand Ecart», par Serge Tisseron.
Infos pratiques
> Lieu
Institut National d’Histoire de l’Art
2, rue Vivienne. 75002 Paris
M° Opéra
> Horaires
9h-18h
> Contact
Catherine Couanet
tél. 06 86 56 03 02
catcouanet@wanadoo.fr>
> Entrée libre