Communiqué de presse
Matt Adams, Paul Devautour, Bernard Guelton, Oliver Grau, Bruno Trentini, Alain Berthoz, Philippe Dubé, Edith Magnan, Aurélie Herbet, Marie-Eve Desjardins, Gregory Chatonsky, Olivier Caira, Carl Therrien, Stephane Natkins, Samuel Archibald, Renée Bourassa, Bertrand Gervais, Luc Courchesne, Sylvie Daniel, Christian Globensky, Sébastien Kapp
Colloque et table ronde Paris-Montréal
Ce sont les situations d’interactions entre ces trois sortes d’univers qui seront abordées car chacun désormais ne peut se concevoir de façon autonome. Mais ce seront aussi les modalités des entrées et sorties entre situation immersive et situation non immersive qu’il faudra envisager pour chacun de ces modes d’immersion.
Comment percevons-nous le monde? Comment y sommes-nous absorbés? Les différents attributs que l’on peut attacher à la conscience ordinaire: sélectivité, exclusivité, enchaînement, unité (Harth, 1993) sont probablement à reconsidérer en situation d’immersion. L’intensité de ces attributs et leurs coordinations sont à mettre en rapport avec la théorie de l’activation et de la nouveauté. Formulé simplement, on considèrera qu’une situation «nouvelle» permet de générer un niveau suffisant d’activation pour que le sujet s’y trouve confronté de façon intense, c’est-à -dire dépossédé d’une conscience scindée et fragmentaire. En situation d’immersion réelle, l’activation de l’attention du sujet est produite directement par son environnement. Perception et action y sont étroitement corrélées. S’il y a recours aux représentations, elles appartiennent en propre au sujet et ne sont pas construites par des tiers.
Toutes différentes sont les situations d’immersion fictionnelle et d’immersion virtuelle produites au moyen de leurres et d’artefacts. Dans les deux cas, il y a immersion mimétique. Celle-ci repose sur la capacité de compter quelque chose «comme» autre chose, ce qui n’est évidemment pas le cas dans la situation réelle. La feintise ludique partagée (en tant qu’activité construite et orientée du sujet) permet de distinguer la situation d’immersion fictionnelle de celle de l’immersion réelle ou mensongère. C’est la modélisation analogique qui caractérise les produits de l’immersion fictionnelle par rapport à d’autres produits types de produits mimétiques. L’immersion fictionnelle utilise les leurres d’une façon qui lui est propre et suppose un découplage entre les données représentationnelles suscitées par les leurres d’une part et le traitement conscient de ces données d’autre part (Schaeffer, 1999).
Qu’en est-il de l’immersion virtuelle? Peut-on également repérer une forme de découplage entre les données représentationnelles suscitées par des leurres et le traitement de ces données? N’est-ce pas au contraire le couplage de plus en plus serré entre les leurres et le traitement de ces données par le sujet qui est visé par l’appareillage technique qui sous-tend les univers virtuels? Pourtant, il serait certainement trop simpliste d’assimiler l’immersion virtuelle à l’illusion. Dans la plupart des cas, le sujet reste conscient des limites qui sont imparties à la modélisation virtuelle. Qu’il s’agisse de l’immersion virtuelle en rapport à une situation réelle (pilotage, simulation de vol, Google Earth…) ou en rapport avec un univers inventé, l’immersion virtuelle n’efface pas complètement le cadre réel dans lequel elle est engagée. Enfin, en delà des questions propres à chacun de ces modes d’immersion, que se passe-t-il lorsque l’immersion fictionnelle prend place à l’intérieur d’un cadre virtuel? Ces deux modes d’immersion deviennent-ils alors concurrents, complémentaires ou confondus?
Université Paris 1 – Panthéon-Sorbonne
Salle des conseils (Salle 1)
12, place du Panthéon, 75005, escalier M, premier étage
Programme du colloque
Mercredi 27 avril
«Contextes et médias»
— 10h: «Immersion et émersion dans les dispositifs fictionnels et virtuels», Bernard Guelton, Professeur, Université Paris 1
— 10h30: «Will we ever become used to Immersion? Art History and Image Science» (traduction), Oliver Grau, Professeur, Université Danube, Autriche
— 11h45: «La dunamis particulière de l’immersion: approches cognitive et esthétique», Bruno Trentini, Post-doc. Université Paris 1
— 12h15: «La notion d’immersion dans les relations du cerveau, du corps et de l’espace», Alain Berthoz, Professeur Honoraire au Collège de France, Membre de l’Académie des Sciences et de l’Académie des Technologies
— 15h: «Du tout au tout ou l’appétit glouton du musée», Philippe Dubé, Professeur, Université Laval
— 15h30: «Dispositifs et fictions géographiques: une expérience immersive?», Edith Magnan, Aurélie Herbet, Doctorat, Université Paris 1
— 16h15: «Des couloirs de Paris de W. Benjamin aux œuvres et performances interactives: le lieu de passage comme territoire de l’immersion et de la modification du sensorium humain», Marie-Eve Desjardins, Doctorat, UQAM
— 16h45: «Dans les flots», Gregory Chatonsky, Doctorat UQAM
Jeudi 28 avril
«Performances, vidéos, jeux»
— 10h: «Courir sur les toits: trois approches de l’immersion en jeu vidéo», Olivier Caira, Maître de conférences, Université d’Evry, EHESS
— 10h30: «L’immersion dans les univers de fiction vidéoludiques: idéalisation de l’expérience», Carl Therrien, Chercheur post-doctoral, Standford Libraries, Palo Alto
— 11h15: «L’immersion vidéoludique», Stephane Natkins, Professeur, CNAM
— 11h45: «Bienvenue dans la fiction à tous ceux qui y sont déjà  : la fiction férale des ARG», Samuel Archibald, Professeur, UQAM
— 14h30: «Immersion, performativité et effets de présence dans les fictions urbaines géolocalisées», Renée Bourassa, Professeur, Université Laval
— 15h: « ‘Dali attaqué par le réel !’: variation sur une figure de l’immersion», Bertrand Gervais, Professeur, UQAM
— 15h45: «Embarquement pour le cyberespace», Luc Courchesne, Professeur, Université de Montréal
— 16h15: «A Machine To See With: location based performances» (traduction), Matt Adams, Artiste (BLAST THEORY), Grande Bretagne
Vendredi 29 avril
Table ronde: «Expérimentation des dispositifs ludiques et fictionnels dans les réalités mixtes»
Centre St Charles
Ufr 4, Université Paris 1
47 rue des bergers, 75015, Paris
— 10h-13h: Matt Adams, Blast Theory, artiste, Angleterre, Samuel Archibald, UQAM, Renée Bourassa, Université Laval, Olivier Caira, Université d’Évry, EHESS, Sylvie Daniel, Université Laval, Géoéduc3D, Paul Devautour, artiste, Shanghai, Philippe Dubé, Université Laval, Christian Globensky, école d’art de Metz, Bernard Guelton, Université Paris 1, Sébastien Kapp, EHESS, Stéphane Natkins, CNAM
Faisant suite au colloque sur les immersions, la table ronde du 29 avril se concentrera sur la question de l’expérimentation des jeux fictionnels dans le cadre des réalités mixtes. On entend par réalités mixtes, l’association entre les univers virtuels et réels. Les questions théoriques abordées dans le cadre du colloque sur la variabilité des postures d’immersions seront cette fois envisagées dans le cadre des mises en œuvres expérimentales des jeux ludiques et fictionnels.
Élaborations des scénarios, objectifs, arrières-plans conceptuels, définitions des acteurs, motivations attendues, contextes urbains, modes de représentations utilisés, cartographies, niveaux d’interactions, degrés d’investissements et élaborations techniques, outils utilisés, événementialités, étendues spatio-temporelles, investissements physiques et corporels (…) formeront quelques points abordés sur la base d’expériences réalisées ou de projets en cours d’élaboration.