Hervé Bezet, Alexandre da Cunha, Sven ‘t Jolle, Allan Sekula, Zin Taylor, Christoph Weber, Raphaël Zarka
Collection
Avec l’exposition «Collection», le Frac Basse-Normandie offre un panorama de ses dernières acquisitions. Il a sélectionné des oeuvres abordant les notions de matériaux, de formes, de narration et de réécriture.
Alexandre da Cunha s’empare des objets du quotidien et les transforme en objets de curiosités. Ses sculptures hybrident matériaux de grande consommation et pratiques artisanales. L’artiste explore la plasticité des objets et réalise une sculpture qui leur ressemblent.Tout en conservant l’intégrité de son matériau source, il libère avec humour les nouveaux potentiels de signification, esthétiques mais aussi politiques et sociaux. L’oeuvre Full Catastrophe (Drums) fait partie d’un ensemble de trois cuves de betonnières trouvées dans un stockage en Angleterre. Elles sont perçues comme une evocation lointaine des bronzes antiques. L’ensemble rappelle l’origine contemporaine de l’objet, telle une trace archéologique du monde ouvrier.
Par l’inventaire, la réplique et les occurrences historiques, Raphaël Zarka appréhende l’espace public et les contours du monument, les instruments de mesure du mouvement et l’histoire du skateboard. Le Cénotaphe d’Archimède pointe l’attrait de l’artiste pour la réécriture des formes. Ces formes contiennent à elles seules, plusieurs histoires architecturales, mathématiques, etc. Il s’agit de la réplique de deux cheminées de style Tudor de la Layer Marney Tower — palais du XVIe siècle situé dans l’Essex en Angleterre . Elle reprend à sa base la forme de l’octogone, fragment du rhombicuboctaèdre, mais aussi le dessin de la vis sans fin du même inventeur, Archimède.
Partant de petits riens, de poussières et de bouts de bois, Zin Taylor produit des formes polysémiques entre anthropomorphisme et variations architecturales. L’artiste joue sur l’ambiguïté de ses assemblages et sur l’imaginaire des spectateurs afin de mettre en place un espace narratif, qui ajoute à la simplicité des matériaux un caractère poétique.
Nourri de l’art minimal et conceptuel, Christoph Weber interroge le rapport à l’espace et au matériau. Adepte de différents matériaux, il s’intéresse au potentiel aléatoire de leur mutation face au temps ou de leur malléabilité. Son œuvre Bündel, positionnée le long du mur, pointe les contradictions inhérentes à son processus de réalisation et à son dispositif scénique. La solidité de ces fers à béton enrubannés de vêtements et recouverts de ciment, est contrecarrée par une certaine fragilité du matériau, qui se craquèle au fil du temps.
À l’étage, les œuvres abordent le thème de la fiction. Toutes sont issues de faits réels et historiques reconstitués. Hervé Bezet reproduit, d’après une enquête minutieuse, la maison d’enfance de Gérard Depardieu. Il confronte l’architecture ouvrière figée à celle d’un décor de plateau de cinéma ouvert et modulable.
Dead Letter Office (Le bureau des lettres mortes) est une série de 31 photographies réalisées par Allan Sekula. Elle documente les conditions de vie des populations de part et d’autre de la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique. Cette double image représente, d’une part le décor de la 20th Century Fox pour le film Titanic et de l’autre les pêcheurs de moules de Popolta, village proche du lieu de tournage. Cette œuvre, acquise par le Frac Basse-normandie depuis plusieurs années, est présentée pour rendre hommage à l’artiste récemment disparu.
Dans la logique de la critique du système capitaliste en pleine dérive et sans contrôle,de façon symbolique, l’œuvre de Sven ’t Jolle confronte sur un même plan les notions de naufrage, de survie et de richesse. La maquette d’un navire recouverte de feuilles d’or repose sur un simulacre de radeau en plâtre. Il représente le déplacement de populations sur des bateaux de fortune, dans l’espoir d’accéder à une vie meilleure, en rejoignant des pays démocratiques et financièrement prospères.