Coït de Frédéric Delangle
Comment donner à voir un acte amoureux sans tomber dans la pornographie ? Et surtout, comment y inclure une dimension spirituelle ? A la manière des symbolistes du XIXe siècle qui valorisaient les passions humaines à travers une vision éthérée du corps, Frédéric Delangle photographie des couples en plein émoi. Dans un décor sobre et élégant – fond noir, estrade dépouillée – son appareil a observé des couples s’adonnant à de sensuels ébats. Le temps de pose, variablement long, a gommé les détails et les gestes. Tantôt, on aperçoit un bras, une épaule, une jambe. Mais jamais de visage ou de sexe. L’ensemble s’apparente plutôt à une seule masse de chair aux contours évanescents qui respire et se meut sur la surface lisse des photographies grand format.
Ces formes vaporeuses qui communiquent un sentiment de légèreté ne disent rien du travail titanesque qu’a nécessité leur préparation. Une batterie de tests, la recherche de solutions aux problèmes techniques et esthétiques, la mise en confiance des sujets rendent le processus long et exigent de la patience. Le contraste n’est que plus grand avec un résultat qui invite à s’oublier dans la rêverie et à recréer le scénario d’une danse amoureuse selon ses propres fantasmes.
De nombreux photographes, de Nan Goldin à Araki, en passant par Helen Von Unwerth ou Larry Clark, se penchent régulièrement sur l’intime et la représentation de l’acte sexuel. Le résultat est souvent cru et le regard bute sur des détails scabreux. Frédéric Delangle a choisi d’aborder le sujet sous un autre angle en prenant le parti de ne rien montrer. Il parvient ainsi à matérialiser ce qui se prête le plus difficilement à la matérialisation : la fusion émotionnelle et spirituelle de deux amants. Ici, il n’est pas question de voyeurisme, de pornographie ou de provocation. Frédéric Delangle reconstitue la magie d’une interaction amoureuse.
Article sur l’exposition
Nous vous invitons à lire l’article rédigé par Raphaël Brunel sur cette exposition en cliquant sur le lien ci-dessous.
critique
Coït