ART | EXPO

Cohabitation n°2

07 Mar - 16 Mai 2014
Vernissage le 06 Mar 2014

Guillaume Linard-Osario, commissaire invité du deuxième volet de l’exposition «Cohabitation», a choisi de présenter le travail des deux artistes Pauline Bastard et Beat Lippert, en faisant cohabiter leurs œuvres et objets personnels au sein d’un accrochage formel et sensible.

Pauline Bastard, Beat Lippert
Cohabitation n°2

Faisant suite à l’exposition «Cohabitation n°1» avec les artistes Laurent Le Deunff & Samuel Richardot de 2013, l’artiste Guillaume Linard-Osorio, en tant que commissaire invité, se lance dans l’écriture du second épisode. À cette occasion, des œuvres et des objets personnels des artistes Pauline Bastard et Beat Lippert viennent cohabiter au sein d’un accrochage formel et sensible.

Beat Lippert est un jeune plasticien suisse particulièrement préoccupé par l’archéologie et l’ubiquité du patrimoine sculptural ou architectural classique. Son parcours permet de mieux appréhender les deux ingrédients essentiels qui définissent sur un plan formel sa production: la pierre et la duplication. Pendant ses quatre ans d’études de sculpture et d’archéologie, il a pu expérimenter le rapport entre nature et artifice, notamment à travers les fouilles archéologiques et la duplication des trouvailles afin de rendre praticable leur muséification.

De son côté, Pauline Bastard explore les images, les clichés et les représentations. Elle va à chaque fois à la recherche de ce qui est devenu peu à peu invisible dans l’image: on ne se concentre que sur son contenu, sur ce qu’elle figure mais on oublie qu’elle possède une matérialité propre, qu’elle existe par elle-même. L’artiste révèle ainsi la dimension arbitraire et mécanique du sens que nous prêtons aux images pour mieux la remettre en question.

L’histoire des hommes laisse des traces. On les trouve, on les interprète, on construit un récit véritable. L’histoire des choses est presque semblable, l’imagination en plus. Les hommes comme les choses posent lourdement la question de l’origine et du devenir.

Ce caillou tient dans ma main. Il est froid. Etait-il une pierre plus grande avant? Deviendra-t-il sable? Quel âge a-t-il? A présent il est tiède. Je le livre au test du Carbone 14. Il raconte une montagne, et la mer au bord qui n’existe plus. Je comprends son histoire et sa géographie, et par lui l’histoire et la géographie en général. Je reconstruis l’univers, je l’illustre. Ca y est. J’ai compris. Le passé raconte le présent, le présent prédit l’avenir.

C’est une évidence. C’est une évidence bien chiante ma foi.

Et si, pendant le test, un atome se glissait entre le carbone et le caillou. Un virus dans le carbone; un bug dans l’histoire. Je crois que Beat Lippert envisage le monde à cette condition: il faut considérer l’erreur, lui donner une place, la rendre fertile. Dès lors, le passé est suspect et il faut l’interroger autrement.

Pauline, elle, ne lui pose pas de question. Elle le force en agissant sur le présent et en inversant le processus naturel de l’érosion des choses. Pauline rend à la terre ce que l’homme y a transformé. Une chemise: du coton. Un arbre, une branche, une poutre, une charpente, une maison: une maison, une charpente, du bois, de la poussière. Ses actions modestes et presque instantanées sur la matière, invitent à une contre-lecture du temps: avenir et passé tête-bêche, pour une autre lecture d’aujourd’hui.

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