L’exposition collective « Code is Law », organisée par le Centre Wallonie-Bruxelles, interroge le code informatique dans sa dimension esthétique, philosophique et politique. Son titre reprend celui de l’article de Lawrence Lessig, juriste et professeur de droit américain, qui fait référence parmi ceux qui font et pensent le numérique. L’exposition prend la forme d’un cabinet de curiosités du XXIe siècle, présentant les œuvres de dix artistes contemporains, aux nationalités et aux disciplines différentes.
« Code is Law » : corps, espace et numérique
L’exposition « Code is Law » contient plusieurs œuvres qui explorent le corps, l’espace et le numérique. Dans son projet de recherche intitulé Rios, l’artiste colombienne Laura Colmenares Guerra étudie le bassin amazonien à la jonction de la géographie et de la langage, en mêlant des données topographiques sur le lieu à des hashtags relayés sur les réseaux sociaux. Elle produit ainsi des modélisations cartographiques subjectives et politiques de l’Amazonie, qui sont imprimées en 3D pour devenir des statues. « Code is Law » en expose deux : Caquetá (Japurá) et Juruá.
Jacques André met en scène, dans sa conférence-performance Mes organes mes data, exploration n°2, une myriade d’opinions au sujet des bio-data, c’est-à-dire de la compilation des données corporelles, médicales ou intimes. Il dresse le panorama de leurs enjeux en faisant entendre tour à tour les voix du fanatique de l’informatique, de l’inquiet des nouvelles technologies, du critique politique et de l’adepte de la servitude volontaire. Enfin, l’installation Species Counterpoint d’Antoine Bertin établit la parenté génétique entre les plantes et les humains au moyen d’une transcription musicale de leurs séquences ADN.
« Code is Law » : le code en peinture
Le projet J’ai de la chance, de François de Coninck et Damien De Lepeleire, est consacré à l’algorithme «Google Suggest», qui propose la fin la plus probable d’une requête faite sur le moteur de recherche, alors qu’elle est encore en train d’être tappée. Damien De Lepeleire a peint des captures d’écran de ces suggestions, brisant ainsi la perfection, la rigueur et la froideur de l’écriture numérique. L’œuvre contredit alors la pseudo neutralité du net, dans une démarche à la fois « hacktiviste » et poétique.
Le peintre Alex Verhaest intègre le numérique dans son processus de création ainsi que dans la narration portée par ses tableaux Temps Morts/Idle Times. Alors que son style fait référence aux classiques de l’histoire de la peinture, c’est bien une tablette iPad qui lui sert de canevas. Ses peintures représentent également la place qu’occupe le numérique dans une famille frappée par le deuil.