ART | EXPO

Claudio Parmiggiani

22 Nov - 31 Jan 2009
Vernissage le 22 Nov 2008

Claudio Parmiggiani tapisse les murs du Collège des Bernardins de l’empreinte d’une immense bibliothèque faite de cendre et de suie, submerge la nef d’une mer de verre brisé, composée de lames de verres brisées et déploie une centaine de cloches d’églises sur le sol de la sacristie .

Communiqué de presse
Claudio Parmiggiani
Claudio Parmiggiani

Aucun cadre ne pouvait mieux convenir à l’artiste que le Collège des Bernardins, qui allie à la fois la beauté de l’architecture, le caractère mystique d’un bâtiment religieux, la densité intellectuelle d’une ancienne université qui renoue aujourd’hui avec sa fonction pédagogique, et la force d’un passé qui a épousé les grands moments de l’histoire religieuse et civile.

« Ma première sensation, dit-il, a été celle d’un lieu d’une grande spiritualité, d’une grande pureté, avec une très belle lumière qui ajoutait beaucoup à cette spiritualité. C’était un lieu exceptionnel. » À la force du lieu, va répondre la force de l’œuvre : par la remémoration de la mémoire intellectuelle et spirituelle du Collège, mais aussi par la mise en scène de la destruction et de l’oubli, Claudio Parmiggiani nous propose, plus qu’une œuvre, l’expérience d’une révélation.

Dans la grande nef

L’empreinte d’une immense bibliothèque, qui s’étend sur plus de vingt mètres. Réalisée sur place, par la fumigation de 20 000 ouvrages, cette œuvre appartient aux « sculptures d’ombres » de l’artiste. Faite de cendre et de suie, l’image fuligineuse tracée au mur par le feu fait ressurgir de façon suggestive et émouvante la mémoire de l’enseignement dispensé au Moyen-Age au Collège des Bernardins.

Extrêmement fragile, l’œuvre est un moment suspendu, une trace, une vision fugitive ramenée de l’oubli par la force de l’esprit et de la mémoire.

La bibliothèque a été le premier élément que Claudio Parmiggiani a choisi pour le lieu, en utilisant le livre comme pierre angulaire, rappelant la vocation initiale du Collège des Bernardins : permettre aux moines cisterciens, dont les abbayes étaient toutes situées en province, de venir étudier à l’Université de Paris. Il reste aujourd’hui l’image d’une bibliothèque, son négatif. Les livres sont présents par leur absence, par leurs traces, « dessinés » après leur retrait.

L’empreinte de la bibliothèque évoque la violence, la destruction par le feu, mais cette destruction – ici nécessaire à sa réalisation – conduit à une renaissance à travers la remémoration. Ce phénomène est comparable à l’expérience alchimique qu’est la transformation de la matière en or.

Une mer de verre brisé, faite d’une composition de lames de verres brisées dressées dans l’espace. L’oeuvre évoque à la fois un labyrinthe et un paysage maritime mouvementé, dont émergent les fines colonnades et les corolles des voûtes gothiques. Violente et fascinante, elle se déploie dans la nef comme une ruine immatérielle et fantômatique, silencieuse, animée par les scintillements de la lumière.

Le verre utilisé est un verre industriel classique. Claudio Parmiggiani utilise les matériaux courants, quotidiens dans notre environnement, tout en les sublimant.

Cette centaine de plaques a été disposée avec le plus grand soin, la composition – qui privilégie le point de vue frontal du peintre – suivant une sorte de labyrinthe dans lequel les plaques de verre sont installées comme des livres ouverts et créent de nombreuses perspectives pour le regard.

Cette construction n’est pas opaque comme le serait une architecture, mais permet des jeux de transparences. Les plaques ont été cassées, découpées en de très grandes lames, rappelant l’élévation des colonnes, comme une ruine d’architecture en référence aux paysages de la peinture classique et romantique. La couleur du verre, le jeu des lames produit par les brisures, la lumière qui fait miroiter les arêtes et les éclats du verre, créent une composition très dynamique.

Dans la sacristie
Une centaine de cloches d’églises jonchent le sol de la sacristie, formant une image à la fois mélancolique et vivante. Amassées comme en un dépôt oublié, rappel de la vie communautaire, évocation de la prière et symbole du passage du temps, les cloches se caractérisent aussi par la plénitude sculpturale de leurs formes.

Elles composent un véritable tableau dans l’espace, dont les volumes et les nuances colorées sont exaltés par la qualité diaphane de la lumière et la puissante élévation de l’architecture gothique.

Dans cette ancienne sacristie, Claudio Parmiggiani a effacé toute présence contemporaine en enlevant les lustres ; il a choisi de garder les câbles, simulant un lieu abandonné ou en travaux, les cloches tombées. L’artiste utilise la dimension de hasard mais compose son oeuvre très précisément.

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