Claude Viallat
Claude Viallat est l’un des fondateurs du groupe avant-gardiste «Support-Surfaces» qui, au début des années 70, a opéré une remise en question du support et des techniques traditionnelles d’application de la peinture, dans le but de s’éloigner des projections mentales que les spectateurs apposaient sur elle. C’est dans cette démarche qu’il abandonne le châssis, au profit d’un travail qu’il réalise accroupi sur un support déployé à même le sol.
Il puise son inspiration dans les arts non-occidentaux et y ajoute sa «signature», une forme abstraite appliquée et répliquée à l’infini, qui se rapproche de la forme d’un haricot, ou selon Gottfried Honegger de celle d’une graine, signe d’éternité.
La répétition en pochoir de cette forme abstraite s’applique sur des supports aussi libres que variés, en passant de toiles usagées imprégnées des aléas du temps à , plus récemment, des matières dites «riches» telles que la soie, le velours… C’est à partir des caractères singuliers de ses supports qu’il crée une suite de variation infinie autour d’une seule et même forme qui, de toile en toile, de support en support, est un prétexte à jouer des couleurs, des contrastes et des rythmes.
Son travail ritualisé, lui permet ainsi de créer dans une improvisation constante avec laquelle il cherche à se trouver dans une situation où le travail glisse et se déplace. «Ce qui compte, c’est la manière dont les couleurs jouent avec les couleurs qui sont en dessous, comment d’une manière intuitive et non voulue, non prévue, j’arrive à organiser une surface en densité, en intensité.»
L’art de Claude Viallat se caractérise par la somptuosité de la couleur, et fait de lui l’un des grands coloristes de l’histoire de la peinture occidentale. Il crée un univers vivant et fluide proche du ballet où l’image n’est plus la forme mais la grille qui en résulte.
Le caractère pulsionnel de son travail est également suscité par l’amour qu’il a pour sa région, l’atmosphère qui y règne, sa lumière singulière et sa culture, avec un intérêt tout particulier pour l’espace et le moment de la corrida qu’il croque et grave pour retracer ces moments intenses où l’homme défie et affronte la taureau dans l’arène.