Marie-Thérèse Vacossin
Clarté d’ombre
Dans son ascension vers un art constructif et une maîtrise parfaite des couleurs, Marie-Thérèse Vacossin a traversé les méandres de quelques déviations. Pourtant il est intéressant de voir, de son adolescence à aujourd’hui, des constantes de sujet et de style qui donnent un sens à ce parcours, comme le traitement par plans juxtaposés et l’attention portée aux couleurs et à la lumière.
Si Marie-Thérèse Vacossin commence une formation académique qu’elle poursuit avec réticence entre 1955 et 1956, dans l’espoir de devenir professeur de dessin, sa principale préoccupation est, dès le début des années 1950, d’ouvrir son horizon artistique vers une liberté intellectuelle. C’est en suivant les cours de Robert Lapoujade dès 1951 qu’elle trouve une nouvelle approche de la peinture qui deviendra la base de son évolution. Cette approche consiste à dépasser le référent visible et à modifier son rapport à l’idée même de représentation. [Robert Lapoujade lui donne comme défi de peindre une forêt sans représenter d’arbres]. Marie-Thérèse Vacossin commence alors à réduire le sujet à des formes géométriques, à épurer les volumes, et les couleurs vives acquièrent une certaine autonomie par rapport à la réalité figurée.
A partir de 1956, sous l‘influence de Nicolas de Staël et de Van Gogh, ainsi que son goût prononcé pour l’art informel, Marie-Thérèse Vacossin centre son attention sur la construction, jusqu’à ce qu’elle adopte en 1973 un art absolument abstrait basé sur les accords et les effets chromatiques, les plans juxtaposés et la maîtrise de l’incidence de la lumière. Elle s’inscrit alors dans la lignée de Joseph Albert, précurseur de l’art optique, dans le sens où leurs préoccupations picturales se centrent sur des problèmes de perception de la couleur (en fonction de leur environnement, de leur étendue et de leur valeur).
Dans son ouvrage Petit théâtre, Marie-Thérèse Vacossin prouve que la différence de tons entre deux couleurs proches peut facilement se discerner quand celles-ci sont placées l’une à côté de l’autre. Alors que Joseph Albert remédie à ces problèmes grâce à une composition basée sur les carrés, Marie-Thérèse Vacossin choisit les bandes horizontales et verticales. Elle travaille notamment sur les valeurs spatiales des couleurs et sur leurs effets de vibration selon le choix de leur ton. La contemplation est alors perturbée par une sorte de trépidation visuelle. Afin de privilégier uniquement la perception des rapports des plans colorés, elle évacue tout élément accessoire. C’est ainsi qu’entre 1991 et 1992, pour un rendu plus lisse et plus homogène de la surface et de la couleur, elle délaisse la peinture à l’huile pour l’acrylique.
Enfin, depuis 2001 elle réalise des structures en plexiglas, composées de colonnes sur lesquelles sont sérigraphiées une ou plusieurs bandes de couleur. Celles-ci sont démultipliées par les reflets et interagissent avec leur environnement. Malgré sa réticence à utiliser d’autres procédés que la peinture, Marie-Thérèse Vacossin considère que la sculpture en plexiglas s’inscrit à l’évidence pleinement dans ses préoccupations autour de la couleur et de la lumière.