Avec « Public Luxury » (Luxe public), l’Institut suédois de Paris propose une exposition collective autour d’une question-clé : le bien commun dans l’espace collectif. Mobilier urbain, espaces de circulation, design des rues, choix des monuments… Rien de ce qui est public n’est indifférent. Pourtant, la conscience de la valeur n’accompagne souvent que la propriété privée. Retournant le problème pour mieux le questionner « Public Luxury » présente une réflexion autour de la richesse du commun. Et réunissant designers et architectes, l’exposition souligne les paradoxes de la division public / privé. Tout en esquissant des réponses spécifiques. Mobilier d’espace public, installations, vidéos… « Public Luxury » s’appuie sur différents media pour étayer son propos. Un propos qui souligne l’importance des formes des objets et éléments composant l’espace public. Sous le thème « Un design qui sauve des vies », l’exposition réunit par exemple des projets de trois designers, autour de la refonte des bornes urbaines.
« Public Luxury » à l’Institut suédois : repenser l’espace commun par le design
L’attaque d’avril 2017, dans une rue très piétonne de Stockholm (Drottninggatan), a relancé la question des bornes de béton et d’acier. Quelles formes donner à ces éléments dont la mission est d’empêcher tout véhicule lourd de parcourir ces artères à grande vitesse ? Invités par l’ArkDes (Centre National Suédois d’Architecture et du Design), Björn Dahlström, Clara von Zweigbergk et Hilda Hellström livrent trois projets alliant effet barrage et valeur ajoutée. Plutôt que de hérisser l’espace public de piques d’acier, Hilda Hellström propose une sorte de grande coloquinte de béton. Une pièce dont les plis arrondis peuvent servir de support à vélos. De quoi créer de grandes fleurs vélocipédiques dans les rues, tout en empêchant les camions d’y venir percuter les piétons. Jardinières, escaliers, supports de vélos… Les objets conçus pour stopper les actes tels que ceux de Stockholm, Nice, Berlin ou Londres peuvent aussi améliorer la vie des passants urbains.
« Public Luxury » : une exposition entre design, architecture et urbanisme
À l’autre bout du spectre, le mobilier urbain est souvent pris pour cible lors de manifestations. Peut-être parce que les sanctions sont alors considérées comme moins graves que pour les dégradations de propriétés privées. Ou peut-être parce que ce mobilier apparaît comme hostile. Horodateurs, abribus et panneaux publicitaires… Plus que des biens communs, ces éléments symbolisent parfois le grignotage du privé sur la chose publique. Et c’est ce phénomène d’empiétement qu’explorent les étudiants du Royal Institute of Technology (KTH) de Stockholm. Avec « Laisser entrer les bonnes personnes », ils livrent une typologie des clôtures proliférant dans le centre de Stockholm. Tandis que les propriétaires multiplient les grilles pour empêcher toute personne d’investir les recoins. Exposition dense et ramassée, bercée d’une douce odeur de bois et fleurs séchées (dispensée par l’assise centrale), « Public Luxury » relance, avec une quinzaine de pièces, les dés du design d’espaces communs.