Shimabuku
City in the Sea
Intrigué par la découverte des Kuchiko, Shimabuku décide de se rendre à Noto afin d’observer la fabrication de cet objet raffiné. Dans le cadre de ce séjour, il rencontre des femmes — anciennes combattantes — qui découpent pendant de longues heures les concombres de mer puis déposent les fils de couleur orange clair pour les faire sécher sur des cadres en bois. Créer des Kuchiko est vécu comme une bataille contre les forces de la nature.
À l’occasion de « City in the Sea », une vidéo et une sculpture documentant la confection des Kuchiko seront exposés, lors du finissage une dégustation de ce met délicat sera aussi organisé leur permettant ainsi de poursuivre leurs voyages. Les Å“uvres de Shimabuku sont issues de rencontres particulières entre les éléments, les personnes.
Né en 1969 à Kobé, deuxième port du Japon, Shimabuku porte une attention toute particulière à la mer, son nom de famille est d’ailleurs constitué de deux idéogrammes chinois dont la première partie signifie île. « City in the Sea » existe également sous forme de diaporama évoquant une forme de vie aquatique. Une ville venue du passé, mystérieusement engloutie dont l’architecture serait formée de cristaux de sel. Cette composition a impressionné Shimabuku par sa régularité et sa similarité avec nos pyramides, au point qu’il est devenu évident que cette forme naturelle si harmonieuse a influencé l’architecture de nos ancêtres.
« City in the Sea » fait appel au temps du souvenir et notamment via Children playing in the Sea, un film tourné avec une caméra super 8 dans lequel des enfants de Noto jouent à provoquer la mer, défient les vagues et s’approchent d’elle afin de jeter quelques pierres dedans. Ces moments émouvants nous transportent dans nos souvenirs lointains où la mer pleine d’insouciance pouvait être vécue comme un rêve.
Une dimension onirique parcourt l’exposition et notamment par l’intermédiaire des Stones with Code trouvés sur les plages de Noto, transformant de simples plombs pour la pêche en fétiches contenant secrètement toutes les prières des pêcheurs ou encore Fish Spin-drying Device, astucieux système de séchage pour poissons, fabriqué à partir de roues de bicyclettes qui n’est d’ailleurs pas sans rappeler celle trônant dans l’atelier de Marcel Duchamp avant même son apparition au sein de l’histoire de l’art.
« City in the Sea » nous incite à prendre le temps de regarder ce qui nous entoure et particulièrement avec Sea and Flowers imaginée suite à l’observation d’une fleur rouge flottant dans les vagues, non loin de la côte de Noto. Shimabuku s’interroge alors sur l’origine et le trajet de cette fleur et décide d’illustrer cette traversée en offrant lui aussi des pétales à la mer, se demandant toutefois s’ils parviendront un jour quelque part. Un voyage dont l’arrivée n’a finalement que peu d’importance.