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Cinq aventures de P.

A partir du personnage de fiction «P.», l’artiste Pauline Fondevila imagine des histoires, vécues par un petit personnage féminin, son double, évoluant dans des fresques dessinées. Le Centre d’Arts Plastiques de Saint-Fons, près de Lyon, lui a consacré cet automne une exposition.

Information

  • @2007
  • 22-913716-377
  • \.€
  • E40
  • Zoui
  • 4français / espagnol / anglais
  • }210 L - 260 H

Présentation
Pauline Fondevila
Cinq aventures de P.
 
Ce catalogue a été publié à l’occasion de l’exposition de Pauline Fondevila au Centre d’Arts Plastiques de Saint-Fons, du 15 septembre au 20 octobre 2007.

Extrait de «Une autre histoire de P.», par Frederic Montornés

«L’histoire de P., comme celle d’autres personnages de fiction, est une histoire qui commence par une idée née dans la tête d’un créateur. Il s’agit d’une histoire qui, comme celle d’autres personnages de fiction, est pleine de circonstances fortuites, de revirements inespérés du destin, traversant les méandres de l’existence. On ne peut pas dire de l’histoire de P. qu’elle soit linéaire, uniforme ou même unidirectionnelle, pas plus que celle des personnages de fiction. C’est une histoire qui, pour n’importe qui d’entre nous ou des personnages de fiction issus de l’imaginaire, ne peut être séparée de la personne qui l’écrit, la raconte ou la trace. De celui qui la dessine. De son créateur. […]

L’histoire de P., comme celle de tant d’autres personnages de fiction, est l’histoire de quelqu’un dont l’existence est une convergence d’expériences. Il s’agit d’histoires, comme on peut tous en vivre, qui trouve une explication au travers de l’histoire des autres. Au travers de la vie et de l’œuvre, le créateur trace les points où passe son existence.

L’histoire de P., qui pourrait être la nôtre, s’inspire de l’histoire des autres et contribue à expliquer la propre histoire du créateur. C’est comme une sorte de récit stéganographique, un récit occulte ou en partie secret dont on ne connait que le nom de celui qui l’écrit. C’est-à-dire, P. ou… cette fille aux cheveux mi-longs, qui n’est pas très grande, qui porte presque toujours des jupes, qui parfois apparaît en train d’écrire, qui bien souvent apparait assise, qui parfois prend l’allure d’une sculpture en bois, qui souvent apparait pensive, mais aussi s’ennuyant ou solitaire, qui aime sortir et partager des expériences, qui vit en compagnie de ses rêves et de ses fantasmes, qui peut tout absorber pour le raconter ensuite, qui ressemble à Pinocchio comme deux gouttes d’eau, et qui a une imagination débordante. Dans la vie de cette fille, toutes les histoires sont possibles et peuvent être véridiques.

Mais P. — la protagoniste de notre histoire — est la première lettre de Pauline, le prénom de la créatrice. On peut imaginer que P. pourrait être Pauline mais il y a quelque chose dans son personnage qui lutte pour se libérer, pour s’affranchir de l’artiste. Et même si c’est bien Pauline qui dessine P., P. ne fait pas la même chose avec sa créatrice. Elle se limite à dessiner ce qui la soutient à tout moment. C’est-à-dire, son immense et riche univers de références culturelles qui, tel un vestige d’une archéologie sentimentale, est celui qui alimente son existence à travers des dessins qui commencent toujours de la même manière : par Pauline assise à une table, en train de penser comment P. va dessiner ce qu’elle pense. Comment sa raison peut-elle faire naître tous ces rêves. Ou comment le sommeil de la raison enfante des monstres. […]

L’histoire de P., comme celle de n’importe quel personnage de fiction —, est l’histoire d’un être ébloui par ses souvenirs. C’est l’histoire de quelqu’un dont on comprend la vie à travers celle des autres, comment elle se relie aux histoires des autres histoires qui ont tant marqué Pauline. De sorte que l’histoire de P, comme celle de n’importe lequel d’entre nous, est l’histoire de quelqu’un qui tisse sa vie à partir de bribes. Des citations, des souvenirs, des fragments et des impressions qui constituent le fondement de chacun d’entre nous. C’est-à-dire, à partir de moments particuliers. Renoncer à ces instants serait renoncer à soi-même. De sorte que l’histoire de P. est, comme celle de n’importe lequel d’entre nous, l’histoire d’une affirmation. Car dans le fond c’est ainsi: nous sommes ce que nous sommes.

L’histoire de P., qui est autant la nôtre que celle d’un personnage de fiction, c’est l’histoire de quelqu’un qui ne fait pas qu’inventer une histoire. Elle la dessine. De sorte que l’histoire de P., comme celle de tant d’autres personnages de fiction, c’est l’histoire de Pauline racontée par quelqu’un qui, sans être elle, nous parle de P. Ou du trait nous révélant qui se cache derrière. C’est-à-dire, Pauline.»

Pauline Fondevila est née en 1972 au Havre. Elle vit et travaille à Barcelone (Espagne) et Rosario (Argentine).

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