Grâce à un nombre restreint d’œuvres, le propos ambitieux de l’exposition «Cinematic Panorama» organisée à la galerie gb agency forme une sorte de démonstration de la continuité entre la notion primitive d’image en mouvement, notamment avec le panorama, et celle d’aujourd’hui. Le panorama en tant que tel trouve son origine dans le diorama du XIXe siècle, invention de Daguerre qui impliquait le mouvement du spectateur face à l’image, combiné à celui de l’image face au spectateur.
De cette double déambulation les artistes présents dans l’exposition, provenant d’horizons et de génération diverses, tentent de retrouver la signification en proposant différents modes d’appréhension de l’image.
On retrouve ainsi plusieurs œuvres de l’artiste américain Robert Breer, auquel la galerie a rendu hommage l’hiver dernier à l’occasion de l’exposition «Times Flies».
Une sculpture motorisée de 1965, Switz, ainsi que deux Panoramas plus récents rappellent le tribut que lui doit l’art cinétique, auquel Robert Breer ajoute une dose d’humour salvatrice : si Switz est une sculpture en mouvement, chaque Panorama est une sculpture en longueur, et impose au spectateur de parcourir une certaine distance, comme la ronde-bosse impose la circonvolution. Par ailleurs, grâce à son Mutoscope (1964), l’artiste rend hommage à un autre ancêtre du cinéma, le mutoscope, dispositif inventé à la fin du XIXe siècle, qui fonctionne sur le même principe que le flip book.
Pour l’artiste thaïlandais Pratchaya Phinthong (voir notre article sur l’exposition «If I Dig A Very Deep Hole» cet automne), le visionnage de l’image en mouvement est une expérience intime, unique, nomade, et donc elle-même en mouvement : son Ephemeral Cinema (2004) est une voiture électrique transformée en cabine de projection, activée uniquement la nuit comme un prolongement de l’espace de la galerie.
La Danoise Pia Rönicke, auteure de montages photographiques et de vidéos montrant des paysages truffés d’architectures imaginaires, propose quant à elle Model For Cinema, un dispositif de visionnage de ses films consacrés aux utopies sociales et architecturales : The Life of Schindler’s House (2002), Cell City, A System of Errors (2003) et Zonen (2005).
La maquette, réduction d’une architecture elle-même utopiste, contraint le spectateur à l’immobilité et à adopter un point de vue particulier et unique sur chaque projection. L’œuvre inclut dans sa forme même une réflexion sur l’architecture, comme espace de projection des images, mais est conçue à l’inverse d’un panorama, en privant le spectateur de mouvement. Du panorama au cinéma, le spectateur est devenu immobile ; ici, comme devant une télévision, il subit l’image, ne la découvrant plus par lui-même.
Robert Breer
— Panorama 1, 2005. Collage et peinture sur carton plume collé sur bois. 40 x 700 x 20 cm. Pièce unique
— Panorama 2, 2005. Collage et peinture sur carton plume collé sur bois. 50 x 500 x 20 cm. Pièce unique
— Switz, 1965. Sculpture motorisée. Polystyrène peint, moteur. Pièce unique. 12 x 13 x 60 cm
— Mutoscope, 1964. Mutoscope, plastique, métal. 16,5 x 6,3 x 16 cm
Pratchaya Phinthong
— Ephemeral Cinema, 2004. Installation. Voiture électrique transformée en cabine de projection. Lecteur DVD, enceintes, projecteur vidéo. Pièce unique
— Untitled (Screening, Canal of the Musée du Louvre, Paris, Tuesday, October 16 2007, 8pm) , 2007. Peinture acrylique sur papier Arches. 57 x 76 cm
— Untitled (Screening, Canal of the Musée du Louvre, Paris, Wednesday, October 17 2007, 8pm) , 2007. Peinture acrylique sur papier Arches. 57 x 76 cm
— Untitled (Screening, Canal of the Musée du Louvre, Paris, Thursday, October 18 2007, 8pm) , 2007. Peinture acrylique sur papier Arches. 57 x 76 cm
Pia Rönicke
— Model for Cinema, 2007. Maquette avec projection de 3 vidéos :
1° The Life of Schindler’s House, 2003, vidéo transférée sur DVD, son (anglais), 22’ ;
2° Cell City, A System of Error, 2003, vidéo transférée sur DVD, son (anglais), 4’ ;
3° Zonen, 2005, film 16 mm transféré sur DVD, couleur, son (danois, sous-titres anglais), 22’40. Pièce unique.