Louidgi Beltrame
Cinelândia
Le premier film «Lagerstätte» se situe à la croisée du document d’archéologie expérimentale punk et du film de tourisme seventies. Auto filmé sur une durée d’une semaine pendant l’été 2009 dans une carrière de pierre abandonnée, Lagerstätte montre Louidgi Beltrame et Elfi Turpin se livrant à la recherche et à l’extraction d’ammonites, sous-classe éteinte des mollusques que l’on connaît uniquement sous forme de fossiles.
«Nakanoshima, le jardin au-dessus de la mer», est un film qui présente l’exploration en caméra subjective de Nakanoshima, un minuscule îlot rocheux au large de Nagasaki dont la végétation subtropicale recouvre les ruines d’un parc paysager construit dans les années soixante et les vestiges d’un cimetière bouddhiste du
début du vingtième siècle.
La caméra super-8 très mobile décrit la topographie et les monuments de l’île. La bande son est composée d’un simple commentaire de l’artiste qui décrit sa progression dans l’île et tente d’établir une relation entre ses découvertes (monuments, constructions, végétation…) et sa connaissance partielle de son histoire.
«Cinelândia» est issu d’une collaboration entre Louidgi Beltrame et la curatrice Elfi Turpin. Cinelândia, qui signifie «pays du cinéma» en Portugais, emprunte son titre à un quartier du centre de Rio de Janeiro qui eut son heure de gloire dans les années 30 en abritant alors les cinémas de la ville.
Cinelândia, a été tourné en 2010 dans la jungle de Tijuca qui surplombe Rio de Janeiro, la plus grande forêt urbaine au monde. Beltrame et Turpin ont filmé la Casa de Canoas, l’unique maison de verre dessinée par Oscar Niemeyer. Projetée en 1951 et achevée en 1953, elle était destinée à la famille de l’architecte mais n’a été habitée que quelques années.
La maison dès lors désertée, pour autant entretenue, s’est transformée en machine célibataire, quelque part entre architecture et sculpture. Avec les années, le jardin soigneusement dessiné et organisé a été reconquis par la mata atlantica. Ce pavillon de verre est envisagé ici comme un espace de projection, celui des projets de l’architecte, celui de la fiction qui se projette sur la jungle et ses mythologies.
Beltrame et Turpin y installent un dispositif qui habite et active la maison alors filmée et observée minutieusement comme un écosystème en relation avec son environnement. La maison, génératrice de fictions, accueille donc des histoires. Celle qui forme le squelette principal du film est la lecture en voix-off en italien de fragments de «Tecnicamente Dolce», un script d’Antonioni datant des années 70.