Patrick Bernatchez
Chrysalides
Patrick Bernatchez puise son inspiration dans différentes sources – le cinéma, l’imagerie populaire, la musique – et nous livre une sorte d’opéra postmoderne à la fois merveilleux, exubérant et angoissant.
La galerie Bertrand Grimont présente l’ensemble filmique du projet Chrysalides entrepris par l’artiste depuis 2006. Les vidéos de la trilogie, Chrysalide, I feel cold today et 13, se situent «dans la chronique d’une mort annoncée»: celle des êtres vivants, des individus et des sociétés.
L’atmosphère glaciale et oppressante caractéristique des films est accentuée par leur formes minimalistes et par une musique composite élaborée par l’artiste. La qualité du traitement de la lumière nous plonge dans une pénombre envoutante et repoussante à la fois.
D’une grande beauté et travaillés avec minutie, les plans constitués de longs travellings hypnotiseront le regard du spectateur; dans Chrysalide, la caméra tourne de manière obsessionnelle autour d’un même objet, une voiture, et nous attire de manière irrépressible dans un monde aliénant et cauchemardesque.
La distorsion du temps et de l’espace propre au travail de l’artiste, expose une vision post-apocalyptique agissant directement sur l’imaginaire du spectateur.
L’univers de l’artiste arrive à nous séduire et simultanément nous inquiéter. Conçu comme un cycle, le projet Chrysalides dévoile encore des dessins explorant les thèmes de la dévoration, de la sexualité, de la régénération, de la mort et de la métamorphose.
Discours sur l’angoisse existentielle mais aussi «allégorie d’une apocalypse causée par un changement climatique… commentaire sur l’obsolescence de l’ère postindustrielle ou noyade volontaire dans la consommation à outrance… Quel que soit l’angle sous lequel on l’aborde, cette vision fascinante et puissante interpelle directement notre situation fâcheuse tout en suscitant une multitude de questions.»