Babou
Chromoscopie d’iconophile
Il s’agit de la première grande exposition de cet artiste, ayant longtemps vécu dans le Lot-et-Garonne, et dont le travail a émergé au début des années 1970 en s’apparentant au mouvement de la Figuration narrative. Pour porter un regard contemporain sur l’œuvre de Babou, le principe choisi a été d’en confier le commissariat à Mathieu Mercier, artiste, familier du peintre lors de ses études à l’école des Beaux-arts de Bourges, où celui-ci enseignait.
Repéré au début des années 1970 et dans la mouvance des peintres participant au courant de la Figuration narrative (Jacques Monory, Bernard Rancillac, Valerio Adami, Hervé Télémaque…), Babou se rattache à l’esthétique de la Nouvelle figuration, fonctionnant en opposition à l’Abstraction et au Nouveau réalisme.
Au contraire de ces deux mouvements, il s’agit là d’un courant plus idéologue, davantage porté sur l’anecdote, le social, les sources d’inspiration populaires (bande dessinée, publicité, photographie, magazine… ) et déclinant des thèmes proches de la vie quotidienne.
Préférant faire œuvre en solo, Babou prend ses distances par rapport aux artistes liés à la Figuration narrative et poursuit une voie personnelle, puisant toujours dans les images du réel au gré de nombreuses séries: «Résidences de prestige», «Ornements», «Surfaces de réparation», jusqu’aux séries «Bastides» et «Clusters» directement inspirées de particularismes liés à l’Aquitaine.
En effet, installé près de Villeneuve-sur-Lot, il a mené son activité de peintre entre Paris et le Lot-et-Garonne durant trois décennies, inspiré également par de nombreux voyages, notamment en Turquie, dont il célèbre la capitale Istanbul à travers la série «Turquoises».
L’idée de cette rétrospective est moins de constituer un inventaire exhaustif de son œuvre que d’offrir un nouveau regard sur la prolifique production de ce peintre en dégageant ses axes de recherches empruntant à l’architecture, à la couleur, et au nombre d’or.
Mathieu Mercier, tout en respectant la cohérence du travail de l’artiste, assume des choix iconoclastes dans la sélection des œuvres. Laissant de côté une présentation chronologique, celui-ci a préféré travailler la mise en espace des toiles, sans craindre d’exploiter des endroits réservés au stockage des caisses ou à la documentation, un moyen pour lui de perturber une présentation classique, par série notamment.
Ce faisant, il reste fidèle à l’image du peintre, un bon vivant mêlant l’art à la vie, insufflant du lyrisme et de la poésie là où on ne les attendait pas.
Avec cette exposition, Mathieu Mercier opère une «Chromoscopie d’iconophile» singulière et prometteuse d’une redécouverte de l’œuvre de Babou, soit une sorte de cartographie d’un amoureux des images…
Babou, de son vrai nom Christian Baboulène (1946-2005), étudie à l’école des Beaux-arts de Bordeaux de 1963 à 1969, et entre dans la collection du Frac Aquitaine en 1984. La peinture est le médium exclusif de cet artiste, attaché à une technique rigoureuse de peintre et très grand coloriste par ailleurs.
Commissariat: Mathieu Mercier