Artiste associé au Centquatre-Paris, Alessandro Sciarroni présente une nouvelle création, Chroma, au sous-titre quelque peu énigmatique Don’t be frightened of Turning the Page, qui s’éclaire toutefois au regard de ses précédents spectacles. Chroma fait suite en effet à Turning_motion sickness version, spectacle initialement présenté à l’Opéra de Lyon lors de la Biennale de la danse 2016.
Chroma deuxième volet du cycle Turning
Turning_motion sickness version et Chroma_Don’t be Frightened of Turning the Page, aujourd’hui présenté au Centquatre-Paris, composent tous deux les deux premiers volets d’un cycle intitulé Turning, entièrement fondé sur l’idée même de rotation.
Le solo qu’est Chroma trouve son origine dans un ensemble de performances intitulé «Migrant Bodies» auquel Alessandro Sciarroni a pu participer, entre 2013 et 2015, en créant Turning-motion sickness et Chroma, qui met en scène tout un bestiaire symbolique dont il s’explique : « L’idée de départ est venue de l’observation des migrations des animaux,[…] Petit à petit, j’ai compris que ces animaux faisaient toujours le même trajet et à partir de là , j’ai commencé à réfléchir sur le mouvement de tourner.» La rotation est un mouvement naturel que le danseur partage avec les animaux, les migrations n’étant que des cycles se répétant indéfiniment, comme le souligne Chroma_Don’t be frightened of Turning the Page.
Chroma ou l’idée de rotation
Alessandro Sciarroni avait, en 2012, déjà présenté au Centquatre-Paris FOLK-S Will You Still Love Me ÂTomorrow ? Ce spectacle s’inspirait alors d’une danse bavaroise appelée Schuhplattler, dont il avait décidé d’apprendre patiemment la technique auprès de groupes traditionnels. Si Chroma entend s’attacher au principe de la rotation, cette création participe au contraire d’une démarche différente puisque Alessandro Sciarroni a délibérément préféré ne pas s’initier auprès de derviches tourneurs. Chroma est une pièce conçue selon une expérience personnelle qui ne peut se confondre avec celle, proprement spirituelle, des derviches tourneurs. Il semble donc qu’il faille se garder de tout rapprochement «facile», et certainement par trop réducteur, avec les derviches tourneurs.
Et Alessandro Sciarroni précise d’ailleurs de manière significative : «De manière générale, je ne parle jamais explicitement de tel ou tel sujet dans mes pièces, déclare ainsi. Dans Chroma, je ne veux pas poser de signification spécifique sur l’action de la rotation pour ne pas enfermer la pièce ni restreindre la perception du spectateur.» Seule importe dans Chroma l’action physique de tourner.