Communiqué de presse
Christoph Weber
Christoph Weber
Pour sa nouvelle exposition personnelle à la galerie Jocelyn Wolff, Christoph Weber présente deux nouvelles œuvres qu’il a réalisées sur place. Pendant plusieurs semaines, il a en effet utilisé l’espace de la galerie comme son atelier.
La première installation est composée d’un ensemble de six portes dont la partie supérieure a été fracturée six fois de façon scrupuleusement identique. Intitulée Trauma, cette œuvre met en œuvre le motif de la répétition dans une acception toute freudienne : lorsqu’un traumatisme affecte la vie du psychisme et que celui-ci ne parvient pas à progressivement le dissoudre pour l’intégrer, un conflit se noue entre le conscient et l’inconscient, bloque la vie du psychisme et se manifeste par le motif de la répétition du même. C’est ce que montre littéralement le dispositif de Christoph Weber, un espace clos, à l’image de la temporalité bouclée sur elle-même du psychisme bloqué dans lequel se répète ce qui par nature ne peut se répéter. L’accident, le coup, ou l’événement, s’ils se reproduisent, n’emprunteront jamais la même forme. Chaque irruption dans le réel est unique et seul le moyen du moulage en silicone en autorise la répétition. Un effet d’ « inquiétante étrangeté » saisit alors celui qui découvre ces six portes exactement semblables portant toutes la même brèche.
Tandis que la première installation propose un scénario mental, la seconde en développe un autre qui active le concept de « semi – authenticité historique » (Christoph Weber). Dans son travail, l’artiste s’intéresse souvent à des moments de crise où le peuple, la société civile font irruption dans le champ du politique. Par exemple, la sculpture The First Minutes of October en 2007, analyse les deux premières minutes du film de Sergeï Eisenstein October (1927) qui sont centrées sur la décapitation de la statue du Tsar Alexandre III.
Pour cette nouvelle œuvre, Christoph Weber a prélevé un pavé à l’endroit où s’est tenue la dernière barricade de la Commune de Paris en 1871. Le prenant pour matrice, il a moulé ce pavé pour en créer d’autres, utilisant la technique du papier mâché, employée notamment pour fabriquer des décors de cinéma. La multiplication des pavés produit un effet paradoxal : d’une part, elle semble épuiser la dimension indicielle à l’événement historique, telle une répétition qui viderait l’original, tandis que d’autre part, elle pourrait avoir valeur de confirmation historique. Ce paradoxe est encore plus manifeste lorsqu’on découvre que Christoph Weber fabrique le papier mâché avec des journaux datés d’avant la Commune, soit un moment où d’autres scénarios pouvaient encore écrire l’histoire. Voici donc des objets schizophréniques, à la fois indiciels dans leur matérialité (les journaux sont d’époque) et porteurs de plusieurs scénarios tandis que leur forme évoque un fait historique précis et postérieur aux journaux.
Ensemble, les deux nouvelles installations de Christoph Weber provoquent un scénario impossible, suggérant dans un premier temps une relation de cause à effet qui s’avère vite absurde. A travers ces deux dispositifs, il présente un autre pan de sa réflexion sur la production de formes en relation avec l’histoire, le cinéma et la psychanalyse.
Le vernissage commencera à 18h.
critique
Christoph Weber