Pièce pour quatre interprètes, le spectacle de danse contemporaine Brûlent nos cœurs insoumis joue sur la dualité des fraternités. Créée par les frères Christian et François Ben Aïm, la pièce scrute la filiation. Faut-il encore présenter Caïen et Abel, Romus et Romulus, Étéocle et Polynice ? La mémoire humaine est jonchée de luttes fratricides. Alors pour conjurer le sort, les chorégraphes et danseurs Christian et François Ben Aïm redoublent le double. Il n’y a plus deux frères : il y en a quatre. Avec une histoire en forme de périple initiatique : au cours d’un voyage, le duo se découvre deux nouveaux frères. Sur des sonorités d’Ibrahim Maalouf, entre jazz orchestral et musique tamisée, Brûlent nos cœurs insoumis explore l’alter-ego. Et les quatre danseurs (Fabien Almakiewicz, Christian Ben Aïm, François Ben Aïm, Félix Héaulme) trament sur scène des relations ambivalentes. Trop lointains, trop proches : la brûlure des liens met les corps en mouvement.
Brûlent nos cÅ“urs insoumis de Christian et François Ben Aïm : l’ambivalence fraternelle
La rencontre de l’autre, cet inconnu pourtant si proche, ouvre la question béante de la création. Servitude, résistance, insoumission… Les miroirs ne se lassent pas de questionner ce qu’ils reflètent. La pièce chorégraphique Brûlent nos cœurs insoumis se développe ainsi sur une histoire, une dramaturgie, composée par l’écrivain Guillaume Poix. Entre fraternité et insoumission se dessine l’ombre des luttes entre êtres humains. Tissant fragments de texte, mélodies et chorégraphies, le spectacle compose et décompose les liens. Le frère, la communauté humaine des frères et sœurs, c’est tantôt la signature d’une similitude, d’une conformation, tantôt la tension d’une compétition oppressante. Avec pour point de rupture le moment d’insurrection. Le moment où le semblable devient dissemblable, cesse de se soumettre pour ainsi prendre le risque de la différentiation.
La danse contemporaine pour explorer le moment de différentiation, d’insurrection
Quatre frères unis ; deux paires de frères en jeu de miroirs et d’ombres ; trois frères contre un. La chorégraphie de Brûlent nos cœurs insoumis explore les combinaisons possibles. Les alliances, les ruptures, les soutiens, les conflits. Christian et François Ben Aïm interrogent ainsi la force du lien filial. Fictionnel ou réel, ce lien exclut l’indifférence. Le jeu de miroir accentue l’effet de pression sociale : on ne se différencie pas de son reflet dans le miroir. Et toute société se construit sur l’effet de miroir, de synchronisation par l’imitation collective. Jusqu’à ce qu’une bifurcation se produise. Acte créatif, rébellion, insoumission : quelque chose se détache, est éjecté. Avec délicatesse et poésie, Brûlent nos cœurs insoumis s’empare de ce phénomène, lui donne des formes et contours singuliers. Tandis que la musique d’Ibrahim Maalouf, conjuguant trompette, violons et violoncelle, accompagne cette fiévreuse dynamique, oscillant entre fusion et séparation.