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Christelle Familiari

Audacieuse tricoteuse, maîtresse ès crochet, Christelle Familliari poursuit un travail étonnant, qui de voyeur fait le spectateur devenir acteur. Performances et vidéos tournent autour du corps, de sa nudité, de ses apparences, sans jamais le dévoiler totalement. Des suggestions qui en disent long sur nos frustrations !

— Éditeur : Frac des Pays de la Loire, Carquefou
— Année : 2004
— Format : 22 x 27 cm
— Illustrations : nombreuses, en couleurs et en noir et blanc
— Pages : 96
— Langues : français, anglais
— ISBN : 2-906247-42-1
— Prix : 23 €

Jusqu’au bout d’un possible…
par Corine Pencenat (extrait, p. 5)

Écran
Christelle Familiari fait preuve d’une lucidité qui en exige tout autant des amateurs de.son art. C’est à ce compte seulement qu’on parlera de dimension provocatrice. Pendant qu’elle chante la chanson canaille de Juliette Gréco Déshabillez-moi, elle tire le fil de laine de la robe crochetée pour l’occasion qui recouvre sa nudité et dévide lentement son ouvrage en Pénélope accomplie, pour offrir aux regards suspendus la mise à nu attendue… et qui ne viendra pas ! Combinaison avec fermeture-Éclair enveloppe l’artiste qui attend son visiteur – un seul à la fois – dans une posture immobile lui offrant la possibilité d’un dialogue qui dépendra de ce que croit voir celui qui entre dans le cadre de ce singulier face à face; Demande de suçons impressionne par la dimension sacrificielle du don – robe rouge et cagoule assortie découvrant la partie fragile entre la tête et les épaules dénudées – et par le risque qu’engendre la passivité de ce corps en attente, un risque renvoyé au regardeur qui prendra la mesure de son geste – d’un amour cannibale – s’il entre dans la zone d’intimité ainsi offerte.

À la manière de la maille qui cache et montre en même temps, écran de séduction qui laisse passer juste ce qu’il faut pour attirer l’œil et ne pas tout donner, l’ambivalence de ces œuvres saute aux yeux. L’offre n’atteint sa signification que si elle est refusée parce que ce n’est pas ça : ce que je te donne n’est pas ce que tu crois que tu vas saisir. Ce contretemps qui s’appelle en amour un malentendu, ou plus joliment une chimère, transforme le phantasme érotique en expérience s’il achoppe sur l’écran que lui tend ici la femme. Ce moment de la butée peut ouvrir sur la parole par ce qu’il interroge.

(Texte publié avec l’aimable autorisation du Frac des Pays de la Loire)

L’artiste
Christelle Familiari est née en 1972 à Niort, France.
Les auteurs
Corine Pencenat est critique d’art.
Nathalie Quintane est écrivain et poète.
Pierre Giquel est critique d’art. Il enseigne à l’école des beaux-arts de Nantes.
Jean-François Taddei était le directeur du frac des Pays de la Loire. Il est décédé en mars 2004 des suites d’un cancer.

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