Communiqué de presse
Chris Cornish
Chris Cornish
Ce jeune artiste anglais crée des vidéos, sculptures et photographies en superposant des vues réelles et des images de synhtèses pour créer des paysages au calme inquiétant. Ses environnements menaçants sont vides de personnages et de toute trace humaine, comme une surface lunaire ou un paysage originel d’avant l’homme, sorte d’après big bang juste avant son peuplement, ou encore un paysage au lendemain d’une bataille prenant des airs de documentaires, provoquant ainsi un dérangeant va et vient entre fiction et réalité.
Dans chacune de ses œuvres, Chris Cornish présente un éventail de technologies qui sur-déterminent le regard: environnements pré-déterminés par la vision stratégique des films de science fiction, sites d’expérimentation des armes, et paysages d’écrans de veille. Cornish se livre à une dissolution calculée des espaces réels et virtuels afin de créer des effets d’environnements nouveaux et fictionnels.
A l’instar de Paul Virilio, qui parle d’un horizon artificiel «surexposé de salves de vidéos, comme un champ de bataille sous le feu des missiles», les œuvres vidéo de Cornish conduisent implicitement à des situations qui, en retour, produisent leurs propres effets dimensionnels, comme par exemple les sites déclassés construits pour la Guerre Froide, qui réapparaissent dans bon nombre de ses œuvres.
Il en va ainsi dans So it goes…, où la vision des structures monolithiques devient désuète une fois qu’elle cesse d’être liée à l’infrastructure de la reconnaissance à longue portée, et finit par tomber dans le domaine de la fiction; le tremblement de la caméra, tout au long du film, semble également exprimer la revendication par l’auteur de sa nouvelle découverte; ou encore dans Tate Modern – qui présente l’espace gnostique du Turbine Hall comme une épave fumante échouée dans une clairière, au milieu d’une forêt: on y reconnaît les escalators carbonisés et le squelette de la charpente de la structure du bâtiment – et l’impression reçue dépasse le pressentiment d’un scénario réel.
Tate Modern pourrait servir d’épilogue à Blade Runner de Ridley Scott, filmé en partie dans la centrale électrique avant les transformations architecturales de Herzog et de Meuron. L’œuvre s’y inscrit en effet comme une narration fictionnelle, ancrée dans une réalité qu’elle dépasse. Dans d’autres vidéos de Cornish, le déroulement de la scène évoque un écran de contrôle où aparaitrait un drone sans cible, lancé dans une action ayant lieu autre part. L’action décrite, elle, semble paralytique et dysfonctionnelle: ainsi ces explosions répétées, comme court-circuitées, qui ont des effets, sans doute, mais sans que l’on puisse en discerner les conséquences.
Les œuvres vidéos de Cornish partagent donc une structure formelle soumise à la mesure ou à la démesure de l’environnement présenté, et dont témoigne la caméra tenue en plan serré dans les conditions les plus défavorables.
© 2006, Matt Packer
Article sur l’exposition
Nous vous incitons à lire l’article rédigé par Julia Peker sur cette exposition en cliquant sur le lien ci-dessous.
critique
Chris Cornish