Paul McCarthy
Chocolate Factory
L’exposition «Chocolate Factory» s’installe dans les nouveaux espaces d’exposition rénovés de la Monnaie de Paris, marquant ainsi le début d’une nouvelle ère de la programmation d’art contemporain, sous le commissariat de Chiara Parisi, directeur des programmes culturels.
Figure majeure de la scène artistique internationale et une source d’inspiration pour de nombreux artistes, toutes générations confondues, Paul McCarthy insuffle l’énergie et la capacité de réinvention permanente propre à Los Angeles dans cette première exposition personnelle d’envergure dans une institution française.
Créée pour la première fois il y a sept ans à New York, cette adaptation à Paris de «Chocolate Factory» reprend les bases de sa précédente installation, tout en utilisant le décalage contextuel, du décor white cube et austère de la galerie Maccarone à la flamboyante et baroque Salle Guillaume Dupré, pour transformer et faire évoluer le projet.
Dans l’escalier d’honneur, les visiteurs sont accueillis par une forêt de gonflables gigantesques, qui évoque à la fois la sculpture moderniste et les arbres de Noël, forme liée au plaisir. Ces sculptures aux proportions et à la matérialité industrielles rappellent également le paysage urbain, associant les merveilles de Hollywood au rêve occidental d’une culture de la consommation.
Dès l’entrée dans le salon d’honneur, le visiteur se retrouve propulsé dans une chocolaterie en pleine activité installée dans une construction qui s’apparente à un décor de film. L’architecture utilitaire, faite de minces parois, crée un contraste saisissant avec l’intérieur orné et précieux de la Salle Guillaume Dupré, qui évoque, non sans nostalgie, une période de perfection et d’opulence. C’est bien cette juxtaposition de la sophistication et du rudimentaire qui est au cœur de l’œuvre de Paul McCarthy.
Le visiteur observe les chocolatiers/performeurs engagés dans la production des figurines en chocolat semblant s’accumuler à l’infini. Ces objets éphémères, produits en quantité massive, dans un ballet qui semble s’entêter à poursuivre un modèle
économique non viable.
Dans les murs de la plus ancienne manufacture parisienne, «Chocolate Factory» traduit une volonté de mise en abîme et questionne la notion de série, dans le lieu même où sont produites des pièces de monnaie dont les tirages vont de quelques dizaines à des centaines de millions d’exemplaires. Produites en tirage illimité, consommables et périssables, ces figurines sont mises en vente à l’entrée de l’exposition ainsi que dans la librairie.
Jour après jour, «Chocolate Factory» se développe à l’image d’une sculpture, créant des problèmes logistiques, des problèmes de stockage, affectant au final sa capacité même de fonctionner.
Dans l’enfilade des salons du XVIIIème siècle, l’exposition de Paul McCarthy continue avec une Å“uvre vidéo créée spécifiquement pour ce lieu, invitant les visiteurs à entrer dans un paysage fantasmagorique qui transforme la réalité en un monde d’absurdité.
Les images répétées de l’œuvre mettent à l’épreuve notre subconscient et la façon dont nous réprimons certaines associations de tabous, d’idées et de pensées. Un lieu de l’inconscient, un lieu de l’absence à soi-même développé en contre-point du rythme effréné de la Factory. L’immersion dans ces espaces, comme un endroit entre sommeil et conscience.
critique
Chocolate Factory