DANSE | SPECTACLE

DañsFabrik | La Spire

01 Mar - 02 Mar 2019

Entre danse et cirque, Chloé Moglia et ses quatre suspensives reprennent le chemin des airs avec le spectacle La Spire. Pièce pour cinq interprètes (nommées suspensives), La Spire explore la poétique de la suspension. Dans une promenade aérienne aux confins du possible.

Spectacle tout en lignes et suspension, La Spire (2017) de Chloé Moglia (Cie Rhizome) donne de l’élan à l’acte chorégraphique. Dans Mille Plateaux, Gilles Deleuze et Felix Guattari écrivent « Il passe son temps à faire le point, au lieu de tracer des lignes, lignes de fuite active ». Célébrant l’ouverture, La Spire crée ses lignes de possibles, en composant un volume scénique défiant la gravité. Dans une immense structure tubulaire en spirale, cinq femmes, cinq suspensives gravitent et lévitent. À savoir Mathilde Arsenault-Van Volsem, Fanny Austry, Anna Le Bozec, Mélusine Lavinet Drouet et Chloé Moglia. Venue du cirque, du trapèze, des arts aériens mais aussi martiaux, Chloé Moglia déploie l’énergie horizontalement comme verticalement. Structure fine et aérée, la spirale se compose de trois boucles successives, de sept mètres de diamètre et dix-huit mètres de long. Offrant un filin métallique au gré duquel évoluent les femmes-suspensives. Pour une poésie aérienne.

La Spire de Chloé Moglia : poésie de la suspension aérienne

Force, détermination et ténacité… Les femmes aériennes de Chloé Moglia et la Compagnie Rhizome déplacent tranquillement les attendus associés au féminin. Musclées et puissantes, les suspensives jouent ainsi avec le vide. Un vide empli de vibrations ; celles de la musicienne Marielle Chatain, interprétant en live ses compositions. Soient des vibrations à base de saxophone baryton et de machines sonores. Moment poétique à couper le souffle, La Spire remet le rêve en route tandis que, virtuoses, les silhouettes se baladent dans l’espace. Citant Tim Ingold dans Une brève histoire des lignes, Chloé Moglia met en avant la dynamique du regard. « Nous vivons dans un mode qui se compose avant tout non pas de choses, mais de lignes. » Trajectoire tracée, à habiter et moduler, La Spire offre un spectaculaire terrain de jeu pour ces cinq femmes voltigeuses. Un terrain difficile et exigeant, en forme de défi à relever.

Au-delà de la peur et du vide : un monde à dessiner, danser et peupler

Mouvements lents, les cinq corps transforment la peur en désir. Celui d’une suspension infinie. Parlant de son travail, Chloé Moglia évoque le fait d’être guidée par un « désir fou de suspension ». En résulte pour les spectateurs une lévitation qui vient répondre à la peur du vide. Lui donner des ailes et la faculté de se mouvoir, de s’élancer à la limite de soi. Entre feuilles d’arbre et oiseaux évoluant en espace réellement tridimensionnel, les suspensives élaborent des possibles. Bien sûr l’être humain reste soumis à la gravité. Même dans l’eau, les temps de liberté tridimensionnelle restent conditionnés. Mais avec La Spire, Chloé Moglia et la Compagnie Rhizome livrent une pièce à la limite des limites. Et au-delà de l’impossible (celui de se déplacer dans l’air) ou de la peur (de tomber), il y a un espace de création à explorer. Bienvenue dans La Spire de Chloé Moglia.

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