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Chen Zhen. Les entretiens

Recueil d’entretiens avec Chen Zhen réalisés de 1990 à 2000, année de sa mort. Des conversations dont le fil déroule et suit le parcours artistique de cet artiste chinois protéiforme, qui a mis au centre de son œuvre les objets produits par la civilisation occidentale et leur devenir.

— Éditeur : Les Presses du réel, Dijon
— Collection : Documents sur l’art
— Année : 2003
— Format : 21 x 15 cm
— Illustrations : aucune
— Pages : 287
— Langue : français
— ISBN : 2-84066-099-7
— Prix : 14 €

Lire l’article sur l’exposition de l’artiste au Palais de Tokyo (01 oct. 2003-18 janv. 2004)

Histoire d’une transexpérience
par Jérôme Sans (p. 7-8)

Ce livre d’entretiens est un hommage à l’œuvre de l’artiste Chen Zhen, et à sa volonté de laisser derrière lui une trace de son parcours artistique en forme de dialogues. L’œuvre de Chen Zhen se lit comme un fleuve dont on connaîtrait la source, mais pas la fin. Une œuvre protéiforme qui échappe volontairement à toutes définitions possibles autour d’un corpus d’idées fortes. Un travail dont les centres multiples offrent encore aujourd’hui de nouvelles perspectives.

Chen Zhen arrive de Chine à Paris en 1986, avec pour seule certitude celle que l’Occident est l’unique territoire où il pourra développer son travail d’artiste. Un Occident qu’il connaît peu, mais qui représente pour lui la modernité. Chen Zhen était animé par le besoin de se confronter et de s’ouvrir à d’autres cultures. Sa vie et son œuvre reposent sur cet enjeu de découvertes et de connaissances. L’être humain et son environnement était au centre de ses préoccupations et de sa démarche artistique. Lors de notre première rencontre, Chen Zhen s’est présenté à moi comme critique et artiste. Puis, pendant deux ans, il n’a produit aucune pièce, assourdi par ce choc culturel entre communisme et capitalisme, dictature et démocratie. Une résonance culturelle, sociale et politique, qui ouvrira la voie à sa volonté d’établir, à travers sa pratique artistique, un pont entre deux continents : l’Est et l’Ouest. Chen Zhen croyait particulièrement en cette capacité de l’art à infiltrer tous les champs du quotidien, y voyant le moyen de créer des réseaux de communications et de résoudre des conflits entre les individus et la société, la nature, la science, la technologie, la politique. Ses œuvres ne cessent d’interroger le monde, l’homme et son environnement. Chacune d’elles marque la construction d’un discours et d’un mode de pensée transculturel liant spiritualité et technologie, dimension matérielle et immatérielle. Chen Zhen a transmis dans ses œuvres le schéma d’un monde connecté par un langage commun et la volonté de communiquer et de partager.

Le centre névralgique de son projet consistait en l’établissement d’une synergie par l’échange de savoirs, de compétences dans les domaines de l’art, de la médecine, de l’identité culturelle, de la politique, de l’écologie et de l’urbanisme. Chen Zhen s’est positionné entre ces deux mondes, dans ce qu’il a défini par le concept de « Transexpérience ». Une attitude face à autrui et à soi-même. Besoin vital d’ouvrir sa culture et son expérience aux autres, curiosité de s’enrichir au contact d’environnements pluriels. Chen Zhen était animé d’une urgence de vivre, parce que son corps lui avait donné une échéance. Sa maladie l’a rendu plus vivant, et lui a également inspiré le désir de devenir médecin. Chen Zhen a transformé son frein en moteur, en ressource. Il a pris sa vie comme un enjeu, un message et une philosophie, pour en faire une œuvre ouverte et toujours active.

(Texte publié avec l’aimable autorisation des éditions des Presses du réel)

L’artiste
Chen Zhen est né en 1954 à Shangai. Il arrive à Paris en 1986, où il décède en 2000 des suites d’une longue maladie.

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