ART | CRITIQUE

Chemin de faire

PAnne-Lou Vicente
@12 Jan 2008

Entre jeu de pistes et jeu de construction, Vincent Olinet nous montre le chemin. Loin des sentiers battus, il n’en est pas moins impraticable. Aucun homme, aucune machine ne peut circuler sur cette installation conceptuelle qui s’apparente à l’articulation de la pensée, ou plutôt, à son déraillement.

Vincent Olinet est de ces artistes qui se plaisent à perturber l’ordre des choses, et leur «droiture». Dans un esprit ludique, fantasmagorique, il détourne objets et lieux communs, insufflant un vent de délire dans leur triste banalité.

L’installation présentée actuellement au rez-de-chaussée de la galerie Laurent Godin ne déroge pas à ce qui semble être devenu la règle d’or de son travail. Des tronçons de rails, disposés au sol, grimpant sur les murs, jusqu’au plafond, dessinent d’improbables chemins, semés d’embûches.

Au mur, une série de sérigraphies, encadrées sous verre, accrochées ou simplement posées, balisent le terrain. Toutes se composent du même dessin noir et blanc de base — un damier ou de larges bandes obliques — soigneusement customisé ensuite par l’artiste: couleurs et tags leur donnent l’allure de panneaux de signalisation.

Chaque dessin contient un message en anglais, jouant parfois avec les mots, à l’image du titre de l’exposition: «Welcome and well done», «Keep this secret for you», «Keep quiet», «I don’t want to die», «I’m all for you», «I want to do your art», «I’m glad to deserve you», «I love what you love».

Si certains d’entre eux évoquent plus concrètement l’idée de direction — «Halt ! Stop ! Go ! Turn !», «Bring me a way», «Don’t be stupid, stay on the track», «This is not the right way», etc. —, leur fonction n’est en aucun cas celle de repères. Ces faux panneaux, dans lesquels l’artiste rêverait à coup sûr de nous faire tomber, anéantissent, par leur nombre et leur promiscuité, la possibilité d’un chemin, et a fortiori, d’une pensée rectiligne.

Le parcours ainsi défini, sorte de jeu de l’oie démesuré, ballade le participant, jusqu’à son égarement. Faire et défaire le chemin, le chemin de la pensée. Retour à la case départ…

Traducciòn española : Santiago Borja
English translation : Laura Hunt

Vincent Olinet :
— Chemin de faire, 2006. Installation. Dimension variable.

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