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Château de cartes

13 Mar - 03 Mai 2008

En multipliant les couches de peintures et les coups de pinceau, Ducan Wylie navigue dans un territoire pictural situé entre figuration et abstraction, où le thème de la destruction trouve une place privilègiée.

Communiqué de presse
Ducan Wylie
Château de cartes

Les tableaux de Duncan Wylie parviennent à duper notre perception grâce à leur conception en strates : plusieurs sujets, plusieurs couches de peintures viennent fusionner sur la toile. La première couche, pouvant figurer des décors aussi variés qu’un chantier, une salle de danse ou un immeuble, est, plus ou moins abondamment, recouverte de peinture. S’ajoute alors une deuxième, parfois une troisième ou une quatrième. De la couche originelle, il ne reste qu’un réseau de lignes et de traces colorées qui forment une structure transparaissant ici et là. Ainsi, le dessous dynamise le dessus, organise un mouvement, installe une atmosphère. Dans ces tableaux, pas de personnages. Ou alors juste une ombre ou une silhouette que l’on croit reconnaître… Mais on devine une présence humaine dissimulée ou fantomatique.

Partagé entre figuration et abstraction, Duncan Wylie adapte l’action painting pour abandonner la « belle peinture » – précise, élégante et maîtrisée – au profit des accidents et des incertitudes générés par des coups de pinceau vigoureux et rapides, presque instinctifs. Ainsi, le peintre deviendrait serviteur de sa peinture, ne pouvant prévoir le résultat final.

Le thème de la destruction est largement traité par Duncan Wylie et trouve son origine dans son histoire personnelle. En 2005, l’artiste effectue un voyage en Israël tandis qu’au même moment, son pays natal, le Zimbabwe sombre dans la violence. Le parti de Robert Mugabe vient de  remporter les élections législatives sur fond de fraudes et s’attaque aux bastions de l’opposition. C’est l’opération «Murambatsvina». Signifiant littéralement « enlever les ordures », elle vise à raser les habitations des bidonvilles d’Harare condamnant ainsi à l’errance ou à l’exode près d’un million de personnes.

Les toiles n’ont certes pas de portée documentaire et ne cherchent aucunement à narrer ce douloureux fait social. Elles ne gardent que l’idée de la destruction qui de peinture en peinture se présente sous différents aspects, différentes humeurs et couleurs. Tels des châteaux de cartes, les constructions humaines s’écroulent et disparaissent en un instant. Disparaissent aussi les couches de peinture sous les coups de pinceau. Mais cette désintégration incessante qu’elle soit picturale, architecturale ou sociale n’a rien de négatif. Bien au contraire, elle donne au peintre la possibilité de reconstruire : chaque couche de peinture régénère la précédente, ce qui se défait se refait en permanence. Chaque tableau est comme suspendu dans un perpétuel cycle de reconstruction.

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