C’est une caricature du prophète Mahomet qui relance la polémique: publiée à la une d’un numéro spécial de Charlie Hebdo, rebaptisé ironiquement Charia Hebdo «pour fêter la victoire» du parti Ennahda en Tunisie, cette image a déclenché la colère de plusieurs individus qui n’ont pas hésité à envoyer des lettres de menaces à la rédaction, à pirater le site internet du journal et, enfin, à incendier son siège au moyen d’un cocktail Molotov.
Le directeur de la publication Charb et le chroniqueur Patrick Pelloux accusent des activistes «islamistes» (AFP, 2 nov. 2011). La représentation du prophète est interdite par la religion musulmane mais le journal aime jouer avec le feu. En 2006, il avait déjà publié des caricatures de Mahomet et provoqué une plainte. La justice française avait finalement relaxé le journal, jugeant que les caricatures ne constituaient pas «une injure» à l’égard des musulmans mais qu’elles visaient «clairement une fraction» (les terroristes) de la communauté musulmane.
On ne peut que condamner les violences faites à l’encontre du siège de Charlie Hebdo et y voir une atteinte à la liberté d’expression, pour laquelle ce journal s’est toujours battu. Comme le souligne le ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand, «Il n’y a pas de démocratie sans irrévérence, sans parodie ou sans satire» (www.culture.gouv.fr).Â
Plus symptomatique encore est le fait que cette affaire — advenue quelques jours après que des fondamentalistes catholiques aient voulu saboter la pièce de Roméo Castelluci au Théâtre de la Ville — révèle l’urgence à définir clairement le statut de l’image dans notre société, qui se veut avant tout laïque.
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