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Chapter 2 19 M.C.

Le titre de l’exposition «Chapter 2 19 M.C.» sonne comme un nom de code. Il est gravé, comme c’est d’usage chez les bikers, à même la porte de la galerie. Les initiales M.C., qui signifient «Motorcycle Club», font référence aux points de repères laissés par les bikers lors de leur passage sur un site. Une manière de nous avertir de ce qu’il va suivre…

Olivier Millagou explore l’identité «bikers» sous toutes ses formes. L’intérieur de la galerie a été repeint en orange, une des deux couleurs-cultes, avec le noir, du logo Harley-Davidson. L’orange appartient à la mythologie bikers, tout comme le blanc du White Cube fait autorité dans les galeries. Ainsi, Olivier Millagou signifie qu’il applique les codes esthétiques des bikers aux cimaises du monde de l’art.

L’entrechoquement du noir et de l’orange dynamise l’accrochage des œuvres, et fait naître une sensation de vie, de vitesse, de dynamisme, en écho avec les valeurs des bikers. Cette impression est particulièrement nette dans deux grandes (190 x 130 cm) toiles intitulées One Percent Painting, qui se font face.
Leurs matériaux sont directement issus du monde des bikers: le gaffeur, un adhésif noir très résistant, et la laque de moto. Toutes deux portent des slogans tels que «Life is short. Ride hard» ou «Good vibrations. Adult erotica», qui façonnent la figure du «rebel».

Depuis le début du XXe siècle, le biker alimente en effet un imaginaire peuplé de légendes enracinées dans un style de vie aux allures contestataires, hors-la-loi. Comme en témoignent les œuvres Road Painting faites de trois gilets de cuir sans manche, l’attribut caractéristique du biker.
Sur chacun de ces gilets sont peints des motifs propres à l’iconographie bikers, notamment des oiseaux, qui sont symboles de liberté, ou des devises telles que «Ride it. Like you stole it».

Olivier Millagou rend ainsi hommage à une forme d’art qui peine à se faire reconnaître en dehors du monde des bikers, où la peinture sur gilet est pourtant une pratique importante. C’est un acte de création qui permet de s’individualiser, de s’affirmer au sein de la communauté. Les gilets customisés d’Olivier Millagou, ces Road Painting, célèbrent le cuir comme un matériau noble, support d’un style de vie.

En outre, les médias et les arts ont contribué à diffuser des images de la culture biker. On se souvient du film L’Equipée sauvage en 1954, ou de la chanson  Harley-Davidson que chantait Serge Gainsbourg et Brigitte Bardot en 1967.
En réalité, nos connaissances sur cette culture sont souvent frustes comme il apparaît dans Filthy Few, une série de quatre-vingts diapositives projetées sur un fond noir. C’est parfois un peu flou, comme des archives, des souvenirs tout droit sortis de l’imaginaire. Il faut se rapprocher et faire l’effort de saisir les détails. Filthy Few suggère de passer outre une vision grossière des choses, de résister aux apparences et aux stéréotypes.
Ce à quoi, manifestement, les œuvres d’Olivier Millagou contribuent.

Olivier Millagou
— One Percent Painting, 2009. Laque de moto sur gaffeur. 190 x 130 cm
— One Percent Painting, 2009. Laque de moto sur gaffeur. 190 x 130 cm
— Road Painting, 2009. Peinture sur gilet en cuir. 50 x 60 cm
— Filthy Few, 2008. 80 diapositives.

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