Collaborant pour la première fois avec le Festival d’Avignon, le Centre de développement chorégraphique Les Hivernales accueille une pièce pour deux danseurs de Raphaël Cottin, C’est une légende. Destiné à un large public, ce spectacle retrace l’histoire de la danse du dix-septième siècle à l’époque contemporaine, de Louis XIV à Pina Bausch.
C’est une légende : la fin des préjugés
Duo créé en 2017, C’est une légende se veut une pièce pédagogique à l’adresse d’abord d’un jeune public, dont Raphaël Cottin souhaite attirer l’attention, mais dont la portée se révèle certainement plus large. Partant de son expérience personnelle, et de sa découverte, enfant, de la danse, ce dernier s’efforce d’aller à l’encontre de préjugés tenaces présentant la danse comme une activité difficile, réservée uniquement aux filles, et négligée par l’école.
Mais tout cela n’est que légendes, affirme Raphaël Cottin, qui s’emploie donc à faire voler en éclats ces idées communément reçues. Ne s’est-il pas d’ailleurs lui-même engagé à introduire la pratique de la danse auprès de tous les publics, notamment scolaires, en animant des ateliers ou formant des professeurs ?
C’est une légende poursuit un tel travail de sensibilisation à l’art chorégraphique en liant étroitement histoire et période contemporaine. Si textes, chorégraphie et scénographie ont été écrits et conçus par Raphaël Cottin, la comédienne Sophie Lenoir prête sa voix, que l’on peut entendre tout au long de la pièce. Le texte lu par celle-ci est tour à tour récit de conte, didactique, abstrait, extravagant, et fait office de guide sonore du spectacle. Cette voix omniprésente est accompagnée de créations musicales, alors la scénographie de C’est une légende ne cesse d’évoluer pour transformer successivement la scène en jardin, en lignes abstraites, ou en spectre de couleurs.
C’est une légende : histoire de formes
A la manière d’un manuel, C’est une légende développe six grands chapitres de l’histoire de la danse, chacun décrivant cinq personnes décisives de l’histoire de la danse et présentant celle-ci dans son contexte social. Raphaël Cottin rappelle ainsi que cet art est l’expression même de l’état d’une société au travers de l’invention de formes diverses. C’est une légende propose ainsi de parcourir les moments décisifs lors desquels les règles et la pratique de la danse ont été réinventées ou son observation renouvelée.
Songeons alors simplement à cette légende de la danse que Louis XIV fut certainement. Présenté comme un précurseur par Raphaël Cottin, Louis XIV n’a pas hésité à mettre sa propre passion, par ailleurs élément à part entière de l’éducation de tout gentilhomme, au service du rayonnement de la monarchie. La danse est rappel éclatant de l’autorité royale et mise en scène calculée à destination du peuple. Et Louis XIV lui donne son vocabulaire classique ses premiers instruments de travail.
Les apports d’Isadora Duncan, Rudolf Laban, Alwin Nikolaï, et Pina Bausch sont ensuite considérés avant que C’est une légende ne s’achève sur un tout dernier chapitre rassemblant les cinq premiers chapitres.