Ceramix
Sèvres – Cité de la céramique, La maison rouge à Paris et le Bonnefanten Museum à Maastricht (Pays-Bas) présentent «Ceramix», un événement à l’ambition internationale. Grâce aux prêts de plusieurs collectionneurs et d’institutions muséales (parmi lesquelles le Museo Internazionale della ceramica de Faenza, le Stedelijk Museum à Hertogenbosch et à Amsterdam, le Victoria & Albert Museum de Londres, le Petit Palais, Orsay, ou encore le Centre Pompidou à Paris), ce ne sont pas moins de deux cent cinquante œuvres, de cent artistes issus de vingt-cinq nationalités qui mettent en lumière les relations entre art et céramique aux XXe et XXIe siècles.
Ce partenariat entre trois grandes institutions rassemble, autour de ce projet, des villes européennes qui ont une riche histoire avec la céramique et les techniques qui leur sont associées. L’exposition met en valeur la continuité de l’usage de ce matériau et montre comment il accompagne les révolutions de la modernité. «Ceramix» est le fruit d’une collaboration étroite entre Camille Morineau, conservatrice du patrimoine, et Lucia Pesapane, historienne de l’art, qui assurent ensemble le commissariat de l’exposition.
L’exposition «Ceramix» explore les représentations politiques, esthétiques, figuratives ou abstraites via le foisonnant matériau qu’est la céramique. La présentation est à la fois chronologique et thématique: le parcours comprend des salles monographiques conçues en étroite collaboration avec les artistes (tels que Johan Creten, Klara Kristalova, Elsa Sahal, ou encore Thomas Schütt) mais aussi des salles thématiques où sont abordés des thèmes comme la relecture de la tradition, la mémoire des corps et l’hybridité des formes sont abordés.
L’exposition commence par une évocation du travail d’artistes précurseurs tels que Paul Gauguin ou Auguste Rodin qui, à l’aube du XXe siècle, débutent un mouvement révolutionnaire plaçant la céramique au centre d’un questionnement moderniste de l’art. Cette révolution prend de l’ampleur tout en étant réinventée par des artistes d’avant-garde comme Pablo Picasso, Juan Miró, Raoul Dufy et André Derain.
L’exposition présente ensuite les œuvres d’artistes céramistes imprégnés des mouvements Pop et Funk qui se développent dans les années 1970 aux États-Unis.
Le travail de Robert Arneson incarne ce mouvement qui reflète une préoccupation pour l’ordinaire, un intérêt pour la banlieue américaine et l’imagerie de consommation.
Cette période voit également émerger une génération d’artistes qui utilisent la céramique comme réceptacle d’un nouveau genre artistique à la jonction entre féminisme, minimalisme et performance. Puis dans les années 80, l’utilisation ironique de références, du pastiche et de citations se développe afin de perturber les notions hégémoniques d’identité culturelle, comme l’incarne le travail de Luigi Ontani.
Enfin, dans les années 1990, la céramique devient un outil de critique sociale et politique: les travaux de Ai WeiWei, de Ni Haifeng ou encore de l’artiste iranienne Bita Fayyazi abordent des questions liées à l’authenticité, au pouvoir et au post-colonialisme. Outre cette association à l’histoire de la sculpture, l’exposition met également en relation l’utilisation de la céramique par les artistes pour questionner le medium de la peinture ou encore son introduction dans la performance et la vidéo.