Depuis son exposition de 2003 à la galerie Kreo, François Bauchet n’est pas resté inactif, il a déployé une activité industrielle pour l’éditeur français Cinna et Roset. Il vient en outre de présenter au salon Maison et Objet (janvier 2013) une ligne d’étagères en tôle pliée assemblée sans vis ni boulons, dessinée pour la jeune maison d’édition Superette. Son parcours comporte en outre de projets scénographiques, de mobilier urbain, et un enseignement à l’École supérieure d’art et de design de Saint-Etienne.
Les différentes présentations de François Bauchet révèlent une réflexion constante sur les vertus de la technique pour apporter des solutions et produire des standards «bien faits, justes, pas trop bavards». Une façon discrète de contribuer à l’histoire du design contemporain.
L’exposition, dont le titre «Cellae» signifie «cellules» en latin, présente un protocole de mise en œuvre inspiré de l’organisation du vivant: un assemblage de cellules qui ne laisse aucune place au vide et autour desquelles se reconstitue une peau. Une méthode très différente des systèmes traditionnels d’assemblages dans le travail du bois, les soudures sur l’acier, et tout le répertoire de joints, de liens, etc.
Les éléments «cellae» de François Bauchet génèrent leur propre structure grâce à la forme légèrement arrondie de la cellule, permettant de constituer une collection d’objets fonctionnels tels que des étagères, des tables, et des rangements qui exigent des plans horizontaux pour travailler et des plans verticaux pour ranger les livres. Les travaux de l’ingénieur américain Richard Buckminster Fuller (1895-1983) ont inspiré François Bauchet, sur la nécessité de la diagonale pour établir la rigidité structurelle: «La forme danse».
François Bauchet a conçue trois modèles de cellules pour les rangements et un modèle pour les tables, à une échelle permettant l’usage. Les cellules sont agglomérées les unes aux autres au moyen d’une matière liquide qui se fait lien et peau. Le vide est éliminé à l’aide d’une résine liquide coulée entre les parois.
La matière légère et souple, rigidifiée par de la résine polyester, du feutre industriel micro-perforé servant ordinairement à réaliser des pales d’éoliennes, sert ici de peau. Sa nature végétale produit un effet organique et vivant semblable à du galuchat ou de la pierre. Les gris évoquent le fusain varient au hasard de l’application de la résine teintée de noir de fumée.
Biologiste-designer, François Bauchet propose une coupe de tissu organique analysée au microscope et grossie. Dans les meubles, tables et rangements la vision s’égare dans les biais qui procurent une impression de hasard et confèrent une beauté paradoxale à un ensemble programmé.