L’exposition « Fading Away » à la galerie parisienne 22,48 m² réunit les installations, sculptures, peintures et vidéos d’une vingtaine d’artistes contemporains autour de la notion d’horizon.
« Fading Away » : une exploration artistique de l’horizon
Conçue en collaboration avec la philosophe Céline Flécheux, l’exposition « Fading Away » s’intéresse à l’horizon : s’il était depuis la Renaissance un élément structurant du champ pictural, les avancées technologiques et scientifiques ont entraîné une considérable évolution de la place de ce phénomène dans le rapport même de l’homme au monde et à l’espace. Une évolution qui nourrit la création contemporaine, tout en préservant une constance : aujourd’hui comme hier, l’horizon demeure le support de profondes rêveries artistiques.
Ligne de rencontre entre le ciel et la Terre, l’horizon a longtemps délimité le champ visuel de l’observateur e même temps qu’il déterminait le point d’ancrage de ce dernier. Cette limite naturelle et infranchissable que constituait l’horizon est désormais affaiblie par le déplacement virtuel que nous permettent les outils informatiques ou encore l’observation possible de la Terre depuis l’espace. Ainsi, l’horizon semble aujourd’hui élargi jusqu’à se dissoudre dans le ciel.
L’œuvre intitulée Bliss (La Colline verdoyante), réalisée en 2013 par Émilie Brout et Maxime Marion, reprend un des paysages les plus connus au monde : une colline photographiée par Charles O’Rear en 1995, qui est utilisée comme fond d’écran par Microsoft Window. Une douzaine d’images de cette colline résultant de diverses modifications se superposent sur une impression lenticulaire qui varie en fonction du déplacement du spectateur. Ainsi se crée un lien entre le tableau-fenêtre de la Renaissance et les écrans modernes s’ouvrant telles des fenêtres sur le monde.
Les outils technologiques sont aussi au centre de l’installation Crater Kamil de Caroline Delieutraz : associant un puzzle en bois fixé au mur par un bras articulé et un fragment de météorite gravé accroché au-dessus de lui, l’œuvre repose sur la découverte d’un cratère de météorite dans le désert égyptien par un scientifique italien en 2010 grâce aux logiciel Google Earth. Le puzzle, fait de plusieurs couches de photographies satellites et d’images scientifiques et amateur, compose un paysage confus, à l’inverse des repères rigoureux que ces éléments devraient apporter.
Installés à l’extérieur de la galerie, les drapeaux de la série No Man’s Land de Flora Moscovici, tissus peints de couleurs vives se fondant harmonieusement les unes dans les autres, tiennent lieu d’étendards pour des territoires sans nom, des espaces de liberté qui ne sont rattachés à aucun symbole ni nom. La couleur de l’horizon est le sujet de la vidéo Un objet à l’infini de déclinaison de Bertrand Rigaux : fixée à un ballon léger s’élevant à travers le ciel, la caméra capte les variations de couleurs au fur et à mesure de la montée dans l’atmosphère, renvoyant pour unique vue la couleur du ciel évoluant imperceptiblement et pourtant radicalement pendant une heure et demi d’élévation.