Comme l’énonce sobrement son titre, Duo, la pièce de la chorégraphe Cécile Laloy (Cie ALS), prend les traits d’un duo. Interprété par les danseurs Marie Urvoy et Joan Vercoutère. Joué pendant la Biennale de la Danse, Duo (2017) est le premier volet d’un diptyque, Duo(s), consacré à l’étude des relations amoureuses. Le second volet, L’Autre, étant encore en création. Si le premier volet est un spectacle tout public, le second sera un spectacle jeunes publics (dès 4 ans). Tout public, donc, Duo se concentre sur l’équilibre. Celui de la relation amoureuse, et celui, physique, qu’il s’agit de composer entre deux corps différents qui interagissent dans l’espace. Une dimension concrète qui tient peut-être, notamment, à l’impulsion du projet. En amont de Duo(s), il y a effectivement l’invite de Florence Girardon (Cie Zélid) à travailler sur la Passion selon Saint Matthieu de Johann Sebastian Bach.
Duo de Cécile Laloy : une étude chorégraphique sur la passion amoureuse
Invitation faite à plusieurs chorégraphes, Cécile Laloy s’empare du défi par une réponse corporelle. De la Passion selon saint Matthieu (oratorio BWV 244), elle retient le mot ‘passion’. Le détache de son contexte religieux et se l’approprie sous la forme d’un duo homme/femme. Passion amoureuse, crime passionnel… Même sans le Christ, la souffrance guette. Sur une musique — composée par Damien Grange et Olivier Bost — inspirée par un récitatif autour du péché originel. En chorégraphe pragmatique, Cécile Laloy positionne sa création dans le monde d’ici-bas. La pièce Duo est interprétée par Joan Vercoutère (1,96 mètre) et Marie Urvoy (1,60 mètre). Tandis que L’Autre le sera par Marie-Lise Naud (1,75 mètre) et Antoine Besson (1,57 mètre). Qui a dit que la taille ne comptait pas ? La taille est importante lorsqu’il s’agit de composer un équilibre, ou un perpétuel déséquilibre, entre deux corps qui se cherchent, se fuient, se portent.
Rapports de force et de pouvoir : la danse à l’épreuve de l’équilibre et de la bascule
Le grand est-il préférable au petit ? Peu importe. La pièce Duo est une histoire de composition de rapports. Presque au sens spinoziste : les choses ne sont pas bonnes ou mauvaises en soi. Ce sont les relations qui sont bonnes ou mauvaises. L’arsenic n’est pas mauvais, mais la relation entre l’humain et l’arsenic est mauvaise pour l’humain, car l’arsenic réduit sa puissance d’agir. Dans cette dynamique, Duo explore les rapports de forces, de pouvoir, qui meuvent ce couple scénique. De façon métaphorique mais aussi concrète, car entre Joan Vercoutère et Marie Urvoy existe un écart vertical de 36 centimètres. Décor sobre, sinon austère voire hostile — carrelage froid, plafond qui goutte —, l’homme et la femme y figurent les différentes phases de la passion. De la fusion à l’ennui, de la tension au moment de bascule… Pièce expressive, Duo danse, explore et désamorce la très réelle violence de la passion.