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Cécile Hesse & Gaël Romier, Esther Tielemans

PPierre-Évariste Douaire
@12 Jan 2008

Première est le nouveau label inventé par la galerie Zürcher pour promouvoir de jeunes talents. De jeunes artistes peuvent ainsi espérer obtenir une plus grande lisibilité parisienne. Pour cette première des « tableaux sculptures » se partagent l’espace avec des photographies à l’ambiance étrange et mystérieuse.

La galerie Zürcher tente de promouvoir l’art contemporain qui, au-delà de son cercle fermé, est mal aimé, mal compris, mais surtout invisible pour le grand public. Pour remédier à cette cécité, Bernard Zürcher est à l’origine d’un rapprochement entre l’art d’aujourd’hui et les amateurs de demain, il a pérennisé des rencontres entre les œuvres et les étudiants d’HEC, en créant un espace d’exposition au sein de l’école de commerce.

Cette politique de sensibilisation et de promotion est intéressée, mais surtout dynamique et audacieuse. Les entrepreneurs de demain, les futurs acheteurs, s’aiguisent l’œil durant leurs études. Le but de l’opération est pédagogique, didactique, mais vise à promouvoir le mécénat privé, qui nous manque en France, par comparaison aux prestigieuses collections des grandes entreprises allemandes par exemple.
C’est dans cette optique que le label Première vient d’être lancé pour appuyer la jeune création en quête de reconnaissance et d’espace de présentation. Il s’agit plus d’un coup de pousse que d’un sigle répondant à des contraintes et des règles précises. Au contraire, il vise à mettre en avant des travaux qui méritent le détour et qui, faute de visibilité, resteraient à l’écart du public.
Comme ailleurs le prix Altadis ou CCF, Première est une initiative qui permettra dans le futur de promouvoir ses lauréats. Il ne fait pas office de découvreur; plus qu’un marche pied, Première joue un rôle d’accélérateur dans la carrière des artistes présentés. Pérennisé il devra par la suite devenir un gage de qualité et susciter l’intérêt autant que la curiosité.

La galerie s’est divisée en deux pour accueillir les travaux photographiques de Cécile Hesse & Gaël Romier, et les « tableaux sculptures » d’Esther Tielemans. Cette dernière avec trois pièces peintes sur bois parvient à occuper aussi bien le mur que le sol. Ses compositions sont doubles, formées sur la base du miroir.
Mirroring in Water (2002) reproduit le reflet dans l’eau d’une végétation méditerranéenne, voire paradisiaque. Le premier panneau du paysage est posé contre le mur, tandis que son reflet, le deuxième panneau, est posé à plat, à même le sol. Corner With Dots (2002) occupe l’angle de la pièce, mais travaille plus sur un motif végétal abstrait.
Lost paradise est peint sur un demi panoptique. La palissade offre une vision « nymphéatique » au spectateur. L’univers aquatique se détache autant qu’il plonge le spectateur dans un univers en dissolution, qu’il l’invite à s’interroger sur la fin probable d’un monde idyllique en perdition.

À l’inverse de cet univers de fin du monde végétale et luxuriante, la vision que nous offre Hesse et Romier plonge ses racines dans une photographie minimaliste froide et étrange.
Les personnages sont photographiés dans des lieux insolites et déserts. La présence de l’être humain dans ces contrées semble incongrue et déplacée, elle est la marque d’un manque, d’une absence; son passage est indiciel comme dans ce monolithe coiffé d’un chandail rose. Le cube de pierre de plusieurs mètres de haut, posé au milieu d’une prairie, donne l’impression de vide, il s’impose et exclut toute personne. Étrange !
Étrange aussi cet homme accroupi dans des toilettes pour hommes qui épluche des œufs durs. L’enfilement des cabines offre une perspective au second plan, tandis que l’alignement des pissotières blanches du premier plan offre une forme comparable aux coquilles vides.
Les photos peuvent avoir des sonorités, elles peuvent être stridentes parfois, ici elles sont silencieuses, elles sont suspendues. Pom Pom Girl (1999) immortalise un arrêt, une jeune fille tient dans ses mains plusieurs perruques, dans un cliché plus récent, près d’une sortie d’autoroute, c’est un homme qui coupe les couettes d’une jeune fille accroupie. Le même lexique visuel se décline pour former des phrases et des histoires différentes mais qui s’apparentent à la même mythologie.

Cécile Hesse & Gaël Romier :
— Pom Pom Girl, 1999. Photo couleurs. 85 x 105 cm.
— Sans titre, 2003. Photo couleurs. 100 x 136 cm.
— Sans titre, 2002. Photo couleurs. 100 x 110 cm.
— Sans titre, 2002. Photo couleurs. 100 x 228 cm.
— Sans titre, 2003. Photo couleurs. 100 x 142 cm.
— Sans titre, 2003. Triptyque : photo couleurs. (3 x) 100 x 100 cm.
— Sans titre, 2001. Diptyque : photo couleurs. 230 x 172 cm.
— Sans titre, 2003. Photo couleurs. 100 x 110 cm.
— La Dame de compagnie, 2003. Fauteuil velours, graisse, vidéo endoscopie.

Esther Tielemans :
— Corner with dots, 2002. Diptyque : acrylique, laque sur panneau en bois. (2 x) 95 x 153 cm.
— Mirroring in Water, 2002. Diptyque : acrylique, laque sur panneau en bois. (2 x) 210 x 153 cm.
— Detail, 2003. Acrylique, laque sur panneau en bois. 103 x 74 cm.
— Panorama, 2002. Acrylique, laque sur panneau en bois. h : 220 cm, Ø 900 cm.
— Lost in Paradise, 2002. Acrylique, laque sur panneau en bois.

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