Présentation
Arthur Danto
Ce qu’est l’art
Qu’entend-on, au juste, lorsqu’on affirme qu’un objet «est une œuvre d’art»? Qu’est-ce qui permet de différencier une œuvre d’un simple objet réel?
Arthur Danto défend ici une position essentialiste, mettant en lumière les critères et propriétés universellement partagés qui définissent le concept d’art. Ce qu’est l’art lui donne l’occasion de présenter le dernier état de sa recherche: une œuvre d’art, selon lui, se caractérise par sa signification et par l’incarnation de cette signification, auxquelles vient s’ajouter la contribution interprétative décisive du public.
Au fil de son argumentation, Danto entrecroise perspectives historiques et analyses théoriques, convoquant aussi bien des philosophes — Platon et sa République, Descartes, Kant, Hegel, Heidegger ou Peirce — que de nombreux artistes — Muybridge, Cunningham, Michel-Ange, Poussin, Manet, Picasso ou les «fauves».
Qu’il évoque les problèmes posés par la restauration de la chapelle Sixtine, le statut des «idées esthétiques» chez Kant, le paragone entre peinture et photographie ou la ressemblance entre l’art et un «rêve éveillé», l’auteur de La Transfiguration du banal mène à bien une opération de ressaisie philosophique de l’histoire de l’art qui en trace la dynamique complexe, jusqu’à son parachèvement dans les ready-mades de Marcel Duchamp et d’Andy Warhol. Ce qu’est l’art revient ainsi sur un exemple paradigmatique: celui des Boîtes Brillo, objets d’art visuellement indiscernables des objets ordinaires, et pourtant philosophiquement distincts.
Traduit de l’anglais par Séverine Weiss.
«Il a été décidé en substance, par d’éminents spécialistes de l’esthétique, que l’art était indéfinissable, puisqu’il n’en existe aucune caractéristique subsumante. Au mieux, l’art est un concept ouvert. Pour moi, c’est un concept fermé. Il doit bien exister quelques propriétés subsumantes expliquant pourquoi l’art de quelque manière que ce soit, est universel.
Il est vrai que l’art, aujourd’hui, est pluriel. Ce pluralisme a été relevé par certains disciples de Wittgenstein. Ce qui donne à l’art une telle force, comme en témoignent récits et chansons, tient, avant toute chose, à ce qui en fait de l’art. Il n’y a vraiment rien de tel pour galvaniser l’esprit.
J’ai tenté, en me servant de Duchamp et de Warhol pour parvenir à ma définition de l’art, d’exposer brièvement certains exemples tirés de l’histoire de l’art, de manière à montrer que cette définition a toujours été la même. Je m’appuierai ainsi sur Jacques-Louis David, Piero della Francesca, et le grand plafond de Michel-Ange. Si l’on considère que l’art forme un tout cohérent, il s’agit de montrer que ce qui le rend tel est décelable tout au long de son histoire.»
Arthur Danto
Sommaire
— Préface
— Chapitre I: Rêves éveillés
— Chapitre II: Restauration et signification
— Chapitre III: Le corps dans la philosophie et dans l’art
— Chapitre IV: La fin du match
— Chapitre V: Kant et l’œuvre d’art
— Chapitre VI: L’avenir de l’esthétique
— Postface d’Olivier Quintyn: «Splendeurs et misères de l’essentialisme: Sur la philosophie de l’art d’Arthur Danto»
— Bibliographie sélective
— Remerciements
— Index