Lewis Baltz est mort ce 22 novembre à Paris, des suites d’un cancer du poumon. Il avait 69 ans. Son travail photographique se concentre sur la recherche de la beauté dans la désolation et la destruction. Ses images décrivent l’architecture des paysages où l’homme exerce une influence ou un contrôle: bureaux, usines ou parkings.
Lors de ses années d’étude à l’Institut des Beaux-Arts de San Francisco, dont il sortira diplômé en 1971, il commence à s’intéresser aux choses insignifiantes mais latentes qui transforment son quotidien. Ainsi, ses Prototypes apportent un regard neuf sur des choses banales tels les panneaux publicitaires que l’on peut voir sur le bord des routes de la Californie. En 1974, il capte les relations entre habitat et anonymat dans The New Industrial Parks near Irvine, California.
En 1975, la critique lui désigne une famille d’adoption, celle du mouvement New Topographics. Il regroupe des photographes comme les Becher ou ses compatriotes Robert Adams et Stephen Shore. En rupture avec le style paysager traditionnel, ils optent pour des images dépouillées de tout artifice artistique et réduites à l’état de simples documents topographiques, riches en informations visuelles mais dépourvues de tout esthétisme, de toute expression d’émotion ou d’opinion. Ces photographes vont ainsi documenter les effets de la croissance rapide des villes américaines et de la montée de l’individualisme.
Les constantes du travail de Lewis Baltz sont l’obsession de la série, «la normalité du noir et blanc», la complémentarité narrative des images, et une vision dénuée d’esthétisme. Il s’agit, pour lui, d’enregistrer «l’expérience du lieu, pas la chose elle-même, mais l’effet qu’elle produit».
Il arrive en Europe à la fin des années 1980 et commence à utiliser le grand format en couleur. Il publie plusieurs ouvrages et articles dont Geschichten von Verlangen und Macht, avec Slavica Perkovic en 1986. Il réalise également d’autres séries de photographies, notamment Sites of Technology (1989-92) qui dépeint les intérieurs neufs à la propreté clinique des industries de haute technologies et de centre de recherche du gouvernement, principalement en France et au Japon.
Une exposition était consacrée à Lewis Baltz cet été au Bal, à Paris. On pouvait y découvrir les séries les plus remarquables du photographe américain, de The Prototype Works (1967-1976) à Ronde de nuit (1992-1995). Elle interrogeait également l’influence du cinéma, notamment européen, sur la formation de cette œuvre. Avec Antonioni par exemple, Lewis Baltz partage un certain pictorialisme spécifique de la fin de vingtième siècle.