Yoann Bourgeois
Cavale. Monuments en mouvement
Le Centre des monuments nationaux a pour la toute première fois invité quatre chorégraphes à investir des bâtiments du patrimoine national.
«Il y a des choses qui ne finissent jamais. Cavale est un poème où la chute est traitée à la manière d’un motif, répétée et variée, le long d’un escalier qui ne mène nulle part. Un théâtre polysémique où des images se forment sans jamais se fixer. Deux hommes jumeaux, aux allures d’un Sisyphe dédoublé, perpétuellement, gravissent et s’abandonnent au vide. Car il s’agit ici du grand Saut et de sa musique infinie.
Lorsque le rocher tout à coup dévale, et avant d’entreprendre un énième recommencement, Sisyphe fait une pause. C’est de ce point de suspension dont ces deux-là ne cessent, silencieusement, de nous parler, les vastes étendues de la nature devenues leurs aires de jeux favorites. Comme le disait Pindare: Ô mon âme, n’aspire pas à la vie immortelle, mais épuise le champ du possible. Le rocher roule encore.
Avec nos jeux de vertiges nous tenterons d’infliger à la conscience spectatrice une sorte de panique voluptueuse.
Par une composition simple et réglée comme du papier à musique, nous reviendrons aux sources de l’acrobatie avec des motifs d’élans, de déséquilibre et d’envol. C’est donc d’un cirque dépouillé qu’il s’agit, dont la propension à de nouvelles formes de théâtralité est immense.
Les matières circassiennes mettent en relation le corps avec des forces physiques simples (la gravité, la force centrifuge…) et recèlent un potentiel suggestif, imaginaire infini, lorsqu’on les laisse parler.»