Cause The Grass Don’t Grow And The Sky Ain’t Blue
L’exposition «Cause The Grass Don’t Grow And The Sky Ain’t Blue» (Parce que l’herbe ne pousse pas et le ciel n’est pas bleu) présentée à la galerie parisienne Praz-Delavallade réunit les Å“uvres de plus de vingt artistes autour de la question de la hiérarchisation des matières et des zones urbaines dans l’art.
Peintures, sculptures et photographies ont pour but d’offrir de nouveaux points de vue sur les réalités urbaines en démontant les systèmes de hiérarchisation entre matériaux pauvres et matériaux nobles et entre ville et banlieue. Les œuvres, à la suite de l’Arte Povera, du land art, du ready-made, de l’art brut et du minimalisme, ont recours à des matériaux habituellement jusqu’alors négligés par l’art. Elles valorisent ces matières dites pauvres et modifient le regard que l’on pose sur elles. Cette démarche vis à vis matériaux se prolonge jusqu’aux bâtiments qu’ils permettent de construire. L’exposition se place ainsi entre art et sociologie en dépassant le cadre de la galerie pour s’intéresser à la dimension sociale de l’urbanisme, mais aussi explorer les interactions entre le milieu urbain et la nature, souvent environnante.
La photographie Cruise liner moving through the three Gorges Dam, Hubei province, China de Mustafah Abdulaziz appartient à la série Water. Des clichés réalisés dans huit pays montrent comment l’eau est perçue et utilisée dans les différentes cultures mais aussi comment les comportements néfastes des gens envers les ressources hydriques sont récurrents , quels que soient les ethnies ou pays.
Les sculptures de Rana Begum se composent de panneaux d’acier pliés de façon à former des structures géométriques en tôle froissés dont les multiples faces sont recouvertes d’aplat de peinture monochromes. Inspirés par la répétition géométrique dans les motifs islamiques traditionnels et par la façon dont la lumière anime l’intérieur des mosquées, ces pièces en trois dimensions font rebondir la lumière sur leurs différentes facettes. Elles entraînent ainsi de subtils changements de perception, selon l’endroit d’où on les observe. Les œuvres de Rana Begum transforment les éléments inesthétiques de l’architecture urbaine en entités poétiques.
Dans le tableau Single family house de Guy Yanai, les maisons et immeubles, les rues et le ciel sont réduits à des blocs monochromes aux lignes géométriques épurées et peints par bandes. Les traits droits structurent la composition: ceux de chaque bande de peinture tracée au pinceau, ceux délimitant l’espace des maisons, de la rue, du mur, d’une étendue de pelouse, du ciel. Ces traits formalisent la notion de limite et de frontière qui est au cœur de l’œuvre.