L’exposition de Cathryn Boch est d’abord une invitation à parcourir des mondes singuliers. N’est-ce pas ce qu’indique son titre fortement évocateur, dont l’étymologie grecque signifie unité ? Chaque dessin ici présenté est certainement à concevoir comme une perspective unique sur le monde extérieur. Les dessins de Boch composent alors un ensemble de points de vue uniques dont la totalité exprime le monde tel que nous le connaissons : mesuré, repéré, cartographié, photographié.
« Monades » : des mondes à part
Cette artiste, qui ne travaille qu’une seule matière, le papier, utilise donc comme autant de matériaux cartes routières, maritimes, topographiques, et clichés photographiques aériens. Contrairement au peintre à la recherche de la couleur appropriée, au sculpteur qui taille des morceaux du matériau qu’il travaille pour en dégager une forme, Cathryn Boch recourt à cette technique particulière qu’est la couture. Le fil, en ligne ou en épaisseur, lui permet alors de créer toutes sortes de mondes à part. Elle dessine ainsi d’autres configurations imaginaires du monde physique qui nous est familier.
Le papier
Ses dessins singuliers, dont la surface et le volume nous retiennent, sont le résultat d’un travail de déchirures, d’assemblages, de ponçages, de froissages, que la couture vient finalement lier. Et elle fige les différents supports – photographies, cartes routières ou maritimes, papier épais ou papier journal – au sucre glace ou à la Bétadine, ce puissant antiseptique, pour leur donner relief et profondeur. Boch façonne l’espace et le transfigure grâce à ces diverses techniques.
L’œuvre proposée à l’acquisition, datée de 2014, est emblématique de ce travail développé depuis lors, et enrichit la collection du FMAC d’un travail éprouvant de façon sensible la question du territoire et celle du cheminement : territoire et cheminements physiques, matérialisés par le parcours de l’aiguille sur la photographie et le feuillet d’atlas, territoire et cheminements métaphoriques, qui nous renvoient à la fragilité et au vertige de l’existence et de la création.
Des cartes géographiques jusqu’aux images d’actualité instantanées, la dessinatrice use d’une chimie singulière pour mieux sculpter son support : le papier.