«Illustrateur sonore», c’est le terme que Frédéric Sanchez a choisi pour se différencier des musiciens et des DJs. Depuis plus de quinze ans maintenant, il travaille le son.
Il a commencé en concevant les bandes sonores de grands défilés de mode: le mystérieux créateur belge Martin Margiela d’abord, puis Prada, Jean-Paul Gaultier, Dior, et bien d’autres. Les grands noms de la mode font appel à lui pour habiller de musique leurs défilés.
Depuis 1998, il collabore avec des artistes (Louise Bourgeois), des musées (Louvre et Grand Palais pour Paris), des cinéastes. La Salamandre, une pièce produite pour l’exposition Contrepoint au Louvre en 2004, donnait une dimension sonore à un double récit.
Dans l’installation réalisée pour la Galerie Cent8, Frédéric Sanchez radicalise son travail sur le son. Abandonnant mots, musiques, et images, il crée un environnement sonore complètement dépouillé.
Une porte blanche signale l’entrée de l’installation, invitant à pénétrer un couloir à angle droit, délimité à son autre extrémité par une autre porte.
Rien ne vient troubler l’austère blancheur de ces murs, si ce n’est l’écho d’un bruit de pas, patient et inquiétant.
A prendre au mot la définition de son art comme illustration sonore, on se demande quelle image les sons viennent ici traduire. La couloir habituellement prévu aux défilés est absolument vide et clos.
Ce rythme de pas, légèrement étouffé par la distance, redouble notre propre bruit, et évoque celui d’un spectre arpentant l’étage supérieur d’un château.
Frédéric Sanchez sculpte l’espace avec cet élément sonore: le couloir vide de l’installation est le réceptacle de cet écho, matérialisant l’insaisissable présence des spectres.
Frédéric Sanchez
— Castles in The Air, 2007. Installation sonore.